mercredi 22 septembre 2010

Groupement de texte: CENSURE ET LITTERATURE

NB: Tableau de Dali,MARCHÉ D'ESCLAVES AVEC APPARITION DU BUSTE INVISIBLE DE VOLTAIRE.
Regardez bien: les têtes des deux femmes forment les yeux de Voltaire...

Ce premier groupement, Censure et Littérature, s'ouvre sur le texte de Voltaire.
Attention à respecter les lignes initiales, si vous copiez le texte...

Voltaire : de l’horrible danger de la lecture (1765)
Nous Joussouf Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction.

Comme ainsi soit que Saïd Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime Porte vers un petit Etat nommé Frankrom, situé entre l'Espagne et l'Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l'imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus pour leur zèle contre l'esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l'imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées :

1. Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l'ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des Etats bien policés.

2. Il est à craindre que, parmi les livres apportés d'Occident, il ne s'en trouve quelques-uns sur l'agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu'à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d'âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la sainte doctrine.

3. Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d'histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l'imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l'équité et l'amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.

4. Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d'éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.

5. Ils pourraient, en augmentant le respect qu'ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu'il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes.

6. Il arriverait sans doute qu'à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.

A ces causes et autres, pour l'édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s'instruire, nous défendons aux pères et aux mères d'enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines ; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l'ancien usage de la Sublime-Porte. [...]

Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l'an 1143 de l'hégire.
1. Un muphti
2.Dignitaire religieux de l’islam.
3. Nom traditionnel du gouvernement turc.
4 Ce mot, composé de deux mots allemands, joue sans doute sur le mot anglais Frenchdom, qui signifie royaume de France .
5. Cadis, imans magistrats et fonctionnaires musulmans.
6. Nom d’Istanbul (Turquie) au XVIIIe siècle.
7. Excommunier, chasser du sein de l’Eglise.
8. Dotés d’une organisation sociale et politique.
9. Techniques.
10. Bonnes dispositions.
11. Activité.
12. La question de la prévention des maladi es contagieuses est d’actualité avec le débat sur l’inoculation de la petite vérole (forme primitive de vaccination), dont Voltaire est un fervent partisan.< /p>
13. Gouvernement de Dieu sur la création.
14. Tribunal.

15. Correspondant au 23 juillet 1730.

La Fontaine, Plagiat ou pastiche?

PASTICHE: imite le style. Moyen aussi de s'entrainer. Exercice de style.
PLAGIAT: copie quasi textuelle d'un manuscrit, de façon avouée ou non.


Phèdre
Mais il faut savoir que...."Il vécut de 15 av. J.-C. à 50 apr. J.-C. D'origine grecque, affranchi de l'empereur Auguste, Il écrivit cinq livres de fables.
Dans ses 132 fables il s'inspira largement d' Esope . Met en scène des personnages décrits chez celui-ci. Il prétend qu'il a beaucoup plus inventé qu'il n'a pris. " Faute avouée à moitié pardonnée?

Le Corbeau et le Renard
Quiconque prend plaisir aux flatteries trompeuses
Se voit bientôt puni d'un honteux repentir.
D'un fromage volé au bord d'une fenêtre
Le corbeau sur son arbre allait faire un repas ;
Le renard l'aperçut et lui fit ce discours :
« De quel éclat, corbeau, resplendit ton plumage !
Quel minois gracieux et quelle belle allure !
La voix en plus, et tu serais roi des oiseaux. »
Le stupide animal, voulant montrer sa voix,
Fit de son bec tomber le fromage ; aussitôt
Goupil rusé le prit entre ses dents avides.
Lors du corbeau soupire, abusée, la sottise.

Cela montre combien l'esprit a de puissance :
Le courage toujours le cède à la sagesse.


Le Corbeau et le renard
Un corbeau déroba un morceau de viande et alla se percher sur un arbre.
Un renard, l’ayant aperçu, voulut se rendre maître du morceau.
Posté au pied de l’arbre, il se mit à louer la beauté et la grâce du corbeau :
« A qui mieux qu’à toi convient-il d’être roi ? En vérité tu le serais, si tu avais de la voix !
« Le corbeau voulant lui montrer qu’il n’en était pas dépourvu, laissa tomber la viande et dit :
« Ô corbeau, si tu avais aussi de l’intelligence Il ne manquerait rien pour être le fou de tous Les animaux »
Avis aux sots

Esope (fabuliste grec né vers 620 avant J.C)

Le Corbeau et le renard
Maître corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
« hé ! bonjour, Monsieur du corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. »
A ces mots le corbeau ne se sent plus de joie ;
Et pour montrer sa belle voix.
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Jean de la Fontaine Mais il a aussi consenti à donner ses sources d'inspiration!
Au XVIIème, il n'existe pas de protection des auteurs, càd que les écrits ne font pas l'objet d'une véritable propriété intellectuelle.

Et puis, vous, vous plagiez ou vous vous inspirez? :)


A vous de juger...