vendredi 18 mars 2011

Pour ceux qui veulent réviser le théâtre...

Le théâtre s'organise autour des genres principaux suivants:
la tragédie, la comédie, le drame et le vaudeville

Exemple de sujets EAF sur l'objet d'étude théâtral:
- Pensez-vous que le théâtre, en Occident, soit uniquement un « théâtre de la parole », comme le déplore Antonin Artaud ? Vous répondrez en vous appuyant sur les textes qui vous sont proposés, ceux que vous avez étudiés en classe, vos lectures personnelles ou les spectacles auxquels vous avez pu assister.
- Dans quelle mesure le spectateur est-il partie prenante de la représentation théâtrale ?
Vous répondrez en faisant référence au corpus, aux œuvres étudiées en classe, et à celles que vous avez vues ou lues.
- Comment le théâtre permet-il de représenter les relations de pouvoir ?
- Au théâtre, les personnages ne disposent-ils que des mots pour exprimer leurs sentiments ?
- Le but du théâtre comique est-il uniquement de faire rire?
- Dans quelles mesures pourrait-on considérer le théâtre comme le lieu de la plus grande liberté ?
- la comédie a t-elle pour fonction de faire rire le public ? ...
- " le théâtre n'est pas le pays du réel c'est le pays du vrai" Hugo (non, pas celui ci, l'autre, qui est mort...). Discutez.
- Les aspects comiques d'une pièce de théâtre (texte et représentation) ne servent-ils qu'à faire rire?
- Le théâtre se doit de rester vraisemblable. Pensez-vous que la représentation soit un atout ou un obstacle à cela ?

[Pour ce sujet, rappelons qu'au XIIème, au-delà de la régle des 3 unites temps/action/lieu, s'ajoute la règle de la bienséance : point de crimes, d'horreurs, de sang, de violence ou par procuration, càd que quelqu'un rapporte ces propos ...et la règle de vraisemblance, autrement dit le fait que le public puisse croire que cela se serait ainsi passé dans la réalité.]
http://www.clipart-gif.com/solo.php?id=3405


Pour changer du plan dialectique "CERTES....CEPENDANT...EN SOMME"
=) Il est vrai... Pourtant....En définitive...
S'il convient de croire / de définir/ .....il n'en demeure pas moins que....en somme

Enfin, n'hésitez pas à aller visionner des adaptations de pièces en extrait sur youtube:

La Leçon, Ionesco:
http://www.youtube.com/watch?v=IaoSbASOkrs
http://www.youtube.com/watch?v=C6BhtzNg1sQ

mercredi 16 mars 2011

Biographie Ionesco



Né en Roumanie. Enfance à Paris.

Retourne ds son pays natal en 1925, devient professeur de Français (à réinvestir pour La Leçon, et La Cantatrice Chauve- méthode Assimil anglaise). Ecrit ds un contexte baigné par la montée du fascisme.


Revient en France en 1938 pour rédiger une thèse sur baudelaire.

La Cantatrice chauve est mise en scène: échec.

En fait, il dénonce la communication entre les hommes. Dislocation du langage. Le cadre est illogique mais la vie a quelque chose d'absurde aussi. Par conséquent, ses pièces ne sont pas plus insensées que le quotidien.

Auteur de 33 pièces. Si vous voulez être original, pièce moins rare: Amédée ou comment s'en débarrasser (1954).

TEXTE 2, La Leçon, "Arithmétique"

LE PROFESSEUR
Procédons autrement... Limitons-nous aux nombres de un à cinq, pour la soustraction... Attendez Mademoiselle, vous allez voir. Je vais vous faire comprendre. (le professeur se met à écrire à un tableau noir imaginaire. Il l'approche de l'Élève, qui se retourne pour regarder.) Voyez, Mademoiselle... (Il fait semblant de dessiner, au tableau noir, un baton; il fait semblant d'écrire au-dessous le chiffre 1; puis deux batons, sous lesquels il fait le chiffre 2, puis en dessous le chiffre 3, puis quatre batons au-dessous desquels il fait le chiffre 4.) Vous voyez...

L'ÉLÈVE
Oui, Monsieur.

LE PROFESSEUR
Ce sont des bâtons, Mademoiselle, des bâtons. Ici c'est un bâton; là ce sont deux bâtons; là, trois batons, puis quatre bâtons, puis cinq bâtons. Un bâton, deux bâtons, trois bâtons, quatre et cinq bâtons, ce sont des nombres. Quand on compte des bâtons, chaque bâton est une unité, Mademoiselle.. Qu'est-ce que je viens de dire?

L'ÉLÈVE
"Une unité, Mademoiselle! Qu'est-ce que je viens de dire?"

LE PROFESSEUR
Ou des chiffres! ou des nombres! Un, deux, trois quatre, cinq, ce sont des éléments de la numération Mademoiselle.

L'ÉLÈVE, hésitante.
Oui, Monsieur. Des éléments, des chiffres, qui sont des bâtons, des unités et des nombres...

LE PROFESSEUR
A la fois... C'est-à-dire, en définitive, toute l'arithmétique elle-même est là.

L'ÉLÈVE
Oui, Monsieur. Bien, Monsieur. Merci, Monsieur.

LE PROFESSEUR
Alors, comptez, si vous voulez, en vous servant de ces éléments... additionnez et soustrayez...

L'ÉLÈVE
, comme pour imprimer dans sa mémoire. Les bâtons sont bien des chiffres et les nombres, des unités?

LE PROFESSEUR
Hum... si l'on peut dire. Et alors?

L'ÉLÈVE
On peut soustraire deux unités de trois unités, mais peut-on soustraire deux deux de trois trois? et deux chiffres de quatre nombres? et trois nombres d'une unité?

LE PROFESSEUR
Non, Mademoiselle.

L'ÉLÈVE
Pourquoi, Monsieur?

LE PROFESSEUR
Parce que, Mademoiselle.

L'ÉLÈVE
Parce que quoi, Monsieur? Puisque les uns sont bien les autres?

LE PROFESSEUR
Il en est ainsi, Mademoiselle. Ça ne s'explique pas. Ça se comprend par un raisonnement mathématique intérieur. On l'a ou on ne l'a pas.

L'ÉLÈVE
Tant pis!

LE PROFESSEUR
Écoutez-moi, Mademoiselle, si vous n'arrivez pas à comprendre profondément ces principes, ces archétypes arithmétiques, vous n'arriverez jamais à faire correctement un travail de polytechnicien. Encore moins ne pourra-t-on vous charger d'un cours à l'École polytechnique... ni à la maternelle supérieure Je reconnais que ce n'est pas facile, c'est très, trèS abstrait... évidemment... mais comment pourriez vous arriver, avant d'avoir bien approfondi les éléments premiers, à calculer mentalement combien font, et ceci est la moindre des choses pour un ingénieur moyen -- combien font, par exemple, trois milliards sept cent cinquante-cinq millions neuf cent quatre-vingt-dix-huit mille deux cent cinquante et un, multiplié par cinq milliards cent soixante-deux millions trois cent trois mille cinq cent huit?

L'ÉLÈVE, très vite.
Ça fait dix-neuf quintillions trois cent quatre-vingt dix quadrillions deux trillions huit cent quarante quatre milliards deux cent dix-neuf millions cent soixante-quatre mille cinq cent huit...

LE PROFESSEUR, étonné.
Non. Je ne pense pas. Ça doit faire dix-neuf quintillions trois cent quatre-vingt-dix quadrillions deux trillions huit cent quarante-quatre milliards deux cent dix-neuf millions cent soixante-quatre mille cinq cent neuf.,.

L'ÉLÈVE
... Non... cinq cent huit...

LE PROFESSEUR, de plus en plus étonné calcule mentalement.
Oui... Vous avez raison... le produit est bien... (il bredouille inintelligiblement)....quintillions, quadrillions, trillions, milliards, millions... (distinctement.) ...cent soixante-quatre mille cinq cent huit... (stupéfait.) Mais comment le savez-vous, si vous ne connaissez pas les principes du raisonnement arithmétique?

L'ÉLÈVE
C'est simple. Ne pouvant me fier à mon raisonne ment, j'ai appris par coeur tous les résultats possibles de toutes les multiplications possibles.

Textes, La Leçon, Ionesco TEXTE 1: Scène d'exposition

LA LEÇON
Eugène Ionesco


La leçon, Ionesco, 1950
PERSONNAGES
LE PROFESSEUR, 50 à 60 ans Marcel Cuvelier.
LA JEUNE ÉLÈVE, 18 ans Rosette Zuchelli.
LA BONNE, 45 à 50 ans Claude Mansard.
La Leçon a été représentée pour la première fois au théâtre de Poche le 20 février 1951.
La mise en scène était de Marcel Cuvelier.
DÉCOR
Le cabinet de travail, servant aussi de salle à manger, du vieux professeur.
À gauche de la scène, une porte donnant dans les escaliers de l’immeuble ; au fond, à droite de la scène, une autre porte menant à un couloir de l’appartement.
Au fond, un peu sur la gauche, une fenêtre, pas très grande, avec des rideaux simples ; sur le bord extérieur de la fenêtre, des pots de fleurs banales.
On doit apercevoir, dans le lointain, des maisons basses, aux toits rouges : la petite ville. Le ciel est bleu-gris. Sur la droite, un buffet rustique. La table sert aussi de bureau : elle se trouve au milieu de la pièce. Trois chaises autour de la table, deux autres des deux côtés de la fenêtre, tapisserie claire, quelques rayons avec des livres.

Au lever du rideau, la scène est vide, elle le restera assez longtemps. Puis on entend la sonnette de la porte d’entrée. On entend la :
VOIX DE LA BONNE, en coulisse.
Oui. Tout de suite.
Précédant la bonne elle-même, qui, après avoir descendu, en courant, des marches, apparaît. Elle est forte ; elle a de 45 à 50 ans, rougeaude, coiffe paysanne.
LA BONNE
entre en coup de vent, fait claquer derrière elle la porte de droite, s’essuie les mains sur son tablier, tout en courant vers la porte de gauche, cependant qu’on entend un deuxième coup de sonnette.
Patience. J’arrive. (Elle ouvre la porte. Apparaît la jeune élève, âgée de 18 ans. Tablier gris, petit col blanc, serviette sous le bras.) Bonjour, mademoiselle.
L’ÉLÈVE
Bonjour, madame. Le Professeur est à la maison ?
LA BONNE
C’est pour la leçon ?
L’ÉLÈVE
Oui, madame.
LA BONNE
Il vous attend. Asseyez-vous un instant, je vais le prévenir.
L’ÉLÈVE
Merci, madame.
Elle s’assied près de la table, face au public ; à sa gauche, la porte d’entrée ; elle tourne le dos à l’autre porte par laquelle, toujours se dépêchant, sort la Bonne, qui appelle :
LA BONNE
Monsieur, descendez, s’il vous plaît. Votre élève est arrivée.
VOIX DU PROFESSEUR, plutôt fluette.
Merci. Je descends... dans deux minutes...
La Bonne est sortie ; l’élève, tirant sous elle ses jambes, sa serviette sur ses genoux, attend, gentiment ; un petit regard ou deux dans la pièce, sur les meubles, au plafond aussi ; puis elle tire de sa serviette un cahier, qu’elle feuillette, puis s’arrête plus longtemps sur une page, comme pour répéter la leçon, comme pour jeter un dernier coup d’oeil sur ses devoirs. Elle a l’air d’une fille polie, bien élevée, mais bien vivante, gaie, dynamique ; un sourire frais sur les lèvres ; au cours du drame qui va se jouer, elle ralentira
progressivement le rythme vif de ses mouvements, de son allure, elle devra se refouler ; de gaie et souriante, elle deviendra progressivement triste, morose ; très vivante au début, elle sera de plus en plus fatiguée, somnolente ; vers la fin du drame sa figure devra exprimer nettement une dépression nerveuse ; sa façon de parler s’en ressentira, sa langue se fera pâteuse, les mots reviendront difficilement dans sa mémoire et sortiront, tout aussi difficilement, de sa bouche ; elle aura l’air vaguement paralysée, début d’aphasie ; volontaire au début, jusqu’à en paraître agressive, elle se fera de plus en plus passive, jusqu’à ne plus être qu’un objet mou et inerte, semblant inanimée, entre les mains du Professeur ; si bien que lorsque celui-ci en sera arrivé à accomplir le geste final, l’élève ne réagira plus ; insensibilisée, elle n’aura plus de réflexes ; seuls ses yeux, dans une figure immobile, exprimeront un étonnement et une frayeur indicibles ; le passage d’un comportement à l’autre devra se faire, bien entendu, insensiblement.
Le Professeur entre. C’est un petit vieux à barbiche blanche ; il a des lorgnons, une calotte noire, il porte une longue blouse noire de maître d’école, pantalons et souliers noirs, faux col blanc, cravate noire. Excessivement poli, très timide, voix assourdie par la timidité, très correct, très professeur. Il se frotte tout le temps les mains ; de temps à autre, une lueur lubrique dans les yeux, vite réprimée.
Au cours du drame, sa timidité disparaîtra progressivement, insensiblement ; les lueurs lubriques de ses yeux finiront par devenir une flamme dévorante, ininterrompue ; d’apparence plus qu’inoffensive au début de l’action, le Professeur deviendra de plus en plus sûr de lui, nerveux, agressif ; dominateur, jusqu’à se jouer comme il lui plaira de son élève, devenue, entre ses mains, une pauvre chose. Evidemment la voix du Professeur devra elle aussi devenir, de maigre et fluette, de plus en plus forte, et, à la fin, extrêmement puissante, éclatante, clairon sonore, tandis que la voix de l’élève se fera presque inaudible, de très claire et bien timbrée qu’elle aura été au début du drame. Dans les premières scènes, le Professeur bégaiera, très légèrement, peut-être.
LE PROFESSEUR
Bonjour, mademoiselle... C’est vous, c’est bien vous, n’est-ce pas, la nouvelle élève ?