lundi 30 novembre 2009

Texte Huxley, Le Meilleurs des Mondes

UN bâtiment gris et trapu de trente-quatre étages seulement. Au-dessus de l'entrée principale, les mots : CENTRE D'INCUBATION ET DE CONDITIONNEMENT DE LONDRES-CENTRAL, et, dans un écusson, la devise de l'État mondial : COMMUNAUTÉ, IDENTITÉ, STABILITÉ.
L'énorme pièce du rez-de-chaussée était exposée au nord. En dépit de l'été qui régnait au-delà des vitres, en dépit de toute la chaleur tropicale de la pièce elle-même, ce n'étaient que de maigres rayons d'une lumière crue et froide qui se déversaient par les fenêtres. Les blouses des travailleurs étaient blanches, leurs mains, gantées de caoutchouc pâle, de teinte cadavérique. La lumière était gelée, morte, fantomatique. Ce n'est qu'aux cylindres jaunes des microscopes qu'elle empruntait un peu de substance riche et vivante, étendue le long des tubes comme du beurre.
— Et ceci, dit le Directeur, ouvrant la porte, c'est la Salle de Fécondation.
Au moment où le Directeur de l'Incubation et du Conditionnement entra dans la pièce, trois cents Fécondateurs, penchés sur leurs instruments, étaient plongés dans ce silence où l'on ose à peine respirer, dans ce chantonnement ou ce sifflotement inconscients, par quoi se traduit la concentration la plus profonde. Une bande d'étudiants nouvellement arrivés, très jeunes, roses et imberbes, se pressaient, pénétrés d'une certaine appréhension, voire de quelque humilité, sur les talons du Directeur. Chacun d'eux portait un cahier de notes, dans lequel, chaque fois que le grand homme parlait, il griffonnait désespérément. Ils puisaient ici leur savoir à la source même. C'était un privilège rare. Le D.I.C. de Londres-Central s'attachait toujours à faire faire à ses nouveaux étudiants, sous sa conduite personnelle, le tour des divers services.
« Simplement pour vous donner une idée d'ensemble », leur expliquait-il. Car il fallait, bien entendu, qu'ils eussent un semblant d'idée d'ensemble, si l'on voulait qu'ils fissent leur travail intelligemment, — et cependant qu'ils en eussent le moins possible, si l'on voulait qu'ils fussent plus tard des membres convenables et heureux de la société. Car les détails, comme chacun le sait, conduisent à la vertu et au bonheur; les généralités sont, au point de vue intellectuel, des maux inévitables. Ce ne sont pas les philosophes, mais bien ceux qui s'adonnent au bois découpé et aux collections de timbres, qui constituent l'armature de la société.
— Demain, ajoutait-il, leur adressant un sourire empreint d'une bonhomie légèrement menaçante, vous vous mettrez au travail sérieux. Vous n'aurez pas de temps à consacrer aux généralités... D'ici là...
D'ici là, c'était un privilège. De la source même, droit au cahier de notes. Les jeunes gens griffonnaient fébrilement.
Grand, plutôt maigre, mais bien droit, le Directeur s'avança dans la pièce. Il avait le menton allongé et les dents fortes, un peu proéminentes, que parvenaient tout juste à recouvrir, lorsqu'il ne parlait pas, ses lèvres pleines à la courbe fleurie. Vieux, jeune ? Trente ans? Cinquante ? Cinquante-cinq ? C'était difficile à dire. Et, au surplus, la question ne se posait pas ; dans cette année de stabilité, cette année 632 de N.F., il ne venait à l'idée de personne de la poser.

dimanche 22 novembre 2009

Pour Thomas...Matheson, Le Jeu du Bouton



Allez, je suis plus efficace que la FNAC...


Le Jeu du Bouton, Matheson

(a inspiré le film The BOx)


Le paquet était déposé sur le seuil : un cartonnage cubique clos par une simple bande gommée, portant leur adresse en capitales écrites à la main : Mr. et Mrs. Arthur Lewis, 217E 37e Rue, New York. Norma le ramassa, tourna la clé dans la serrure et entra. La nuit tombait.Quand elle eut mis les côtelettes d'agneau à rôtir, elle se confectionna un martini-vodka et s'assit pour défaire le paquet.Elle y trouva une petite boîte en contreplaqué munie d'un bouton de commande. Ce bouton était protégé par un petit dôme de verre. Norma essaya de l'ôter, mais il était solidement rivé. Elle renversa la boite et vit une feuille de papier pliée, collée avec du scotch sur le fond de la caissette. Elle lut ceci : Mr. Steward se présentera chez vous ce soir à vingt heures.Norma plaça la boîte à côté d'elle sur le sofa. Elle savoura son martini et relut en souriant la phrase dactylographiée.Peu après, elle regagna la cuisine pour éplucher la salade.
A huit heures précises, le timbre de la porte retentit. «J'y vais », déclara Norma. Arthur était installé avec un livre dans la salle de séjour.Un homme de petite taille se tenait sur le seuil. Il ôta son chapeau. «Mrs. Lewis? » s'enquit-il poliment.- C'est moi.- Je suis Mr. Steward.- Ah ! bien. Norma réprima un sourire. Le classique représentant, elle en était maintenant certaine.- Puis-je rentrer ?- J'ai pas mal à faire, s'excusa Norma. Mais je vais vous rendre votre joujou. Elle amorça une volte-face.- Ne voulez-vous pas savoir de quoi il s'agit ?Norma s'arrêta. Le ton de Mr. Steward avait été plutôt sec.- Je ne pense pas que ça nous intéresse, dit-elle.- Je pourrais cependant vous prouver sa valeur.- En bons dollars ? Riposta Norma.Mr. Steward hocha la tête.- En bons dollars, certes.Norma fronça les sourcils. L'attitude du visiteur ne lui plaisait guère. « Qu'essayez-vous de vendre ? » demanda-t-elle.- Absolument rien, madame.Arthur sortit de la salle de séjour. «Une difficulté ? »Mr. Steward se présenta.- Ah ! Oui, le... Arthur eut un geste en direction du living. Il souriait. Alors, de quel genre de truc s'agit-il ?- Ce ne sera pas long à expliquer, dit Mr. Steward. Puis-je entrer ?- Si c'est pour vendre quelque chose...Mr. Steward fit non de la tête. «Je ne vends rien. »Arthur regarda sa femme. «A toi de décider », dit-elle.Il hésita, puis «Après tout, pourquoi pas ? »Ils entrèrent dans la salle de séjour et Mr. Steward prit place sur la chaise de Norma. Il fouilla dans une de ses poches et présenta une enveloppe cachetée. «Il y a là une clé permettant d'ouvrir le dôme qui protège le bouton», expliqua-t-il. Il posa l'enveloppe à côté de la chaise. «Ce bouton est relié à notre bureau. »- Dans quel but? demanda Arthur.- Si vous appuyez sur le bouton, quelque part dans le monde, en Amérique ou ailleurs, un être humain que vous ne connaissez pas mourra. Moyennant quoi vous recevrez cinquante mille dollars.Norma regarda le petit homme avec des yeux écarquillés. Il souriait toujours. - Où voulez-vous en venir ? Exhala Arthur.Mr. Steward parut stupéfait.«Mais je viens de vous le dire. » Susurra-t-il.- Si c'est une blague, elle n'est pas de très bon goût.- Absolument pas. Notre offre est on ne peut plus sérieuse.- Mais ça n'a pas de sens ! Insista Arthur. Vous voudriez nous faire croire...- Et d'abord, quelle maison représentez-vous ? Intervint Norma.Mr. Steward montra quelque embarras. «C'est ce que je regrette de ne pouvoir vous dire », s'excusa-t-il. «Néanmoins, je vous garantis que notre organisation est d'importance mondiale.- Je pense que vous feriez mieux de vider les lieux, signifia Arthur en se levant.Mr. Steward l’imita. «Comme il vous plaira. »- Et de reprendre votre truc à bouton.- Êtes-vous certain de ne pas préférer y réfléchir un jour ou deux ? »Arthur prit la boîte et l'enveloppe et les fourra de force entre les mains du visiteur. Puis il traversa le couloir et ouvrit la porte.- Je vous laisse ma carte, déclara Mr. Steward. Il déposa le bristol sur le guéridon à côté de la porte.Quand il fut sorti, Arthur déchira la carte en deux et jeta les morceaux sur le petit meuble. «Bon Dieu ! » proféra-t-il.Norma était restée assise dans le living.«De quel genre de truc s'agissait-il en réalité, à ton avis ?- C'est bien le cadet de mes soucis ! Grommela-t-il.Elle essaya de sourire, mais sans succès.«Cela ne t'inspire aucune curiosité ? »Il secoua la tête. « Aucune. » Une fois qu'Arthur eut repris son livre, Norma alla finir la vaisselle.
- Pourquoi ne veux-tu plus en parler ? demanda Norma.Arthur, qui se brossait les dents, leva les yeux et regarda l'image de sa femme reflétée par le miroir de la salle de bains.- Ça ne t'intrigue donc pas ? Insista-t-elle.- Dis plutôt que ça ne me plaît pas du tout.- Oui, je sais, mais... Norma plaça un nouveau rouleau dans ses cheveux. Ça ne t'intrigue pas quand même ? Tu penses qu'il s'agit d'une plaisanterie ? Poursuivit-elle au moment où ils gagnaient leur chambre.- Si c'en est une, elle est plutôt sinistre.Norma s'assit sur son lit et retira ses mules.- C'est peut-être une nouvelle sorte de sondage d'opinion.Arthur haussa les épaules. «Peut-être.- Une idée de millionnaire un peu toqué, pourquoi pas ?- Ça se peut.- Tu n'aimerais pas savoir ?Arthur secoua la tête.- Mais pourquoi ?- Parce que c'est immoral, scanda-t-il.Norma se glissa entre les draps. «Eh bien, moi, je trouve qu'il y a de quoi être intrigué.»Arthur éteignit, puis se pencha vers sa femme pour l'embrasser.- Bonne nuit, chérie.- Bonne nuit.Elle lui tapota le dos.Norma ferma les yeux. Cinquante mille dollars, songeait-elle.
Le lendemain, en quittant l'appartement, elle vit la carte déchirée sur le guéridon. D'un geste irraisonné, elle fourra les morceaux dans son sac. Puis elle ferma la porte à clé et rejoignit Arthur dans l'ascenseur.Plus tard, profitant de la pause café, elle sortit les deux moitiés de bristol et les assembla. Il y avait simplement le nom de Mr. Steward et son numéro de téléphone.Après le déjeuner, elle prît encore une fois la carte déchirée et la reconstitua avec du scotch. Pourquoi est-ce que je fais ça ? se demanda-t-elle.Peu avant cinq heures, elle composait le numéro.- Bonjour, modula la voix de Mr. Steward.Norma fut sur le point de raccrocher, mais passa outre.Elle s'éclaircit la voix. « Je suis Mrs. Lewis », dit-elle.- Mrs. Lewis, parfaitement.-Mr. Steward semblait fort bien disposé.- Je me sens curieuse.- C'est tout naturel, convint Mr. Steward.- Notez que je ne crois pas un mot de ce que vous nous avez raconté.- C'est pourtant rigoureusement exact, articula Mr. Steward.- Enfin, bref...Norma déglutit. Quand vous disiez que quelqu'un sur terre mourrait, qu'entendiez-vous par là ?- Pas autre chose, Mrs. Lewis. Un être humain, n'importe lequel. Et nous vous garantissons même que vous ne le connaissez pas. Et aussi, bien entendu, que vous n’assisterez même pas à sa mort.- En échange de cinquante mille dollars, insista Norma.- C'est bien cela.Elle eut un petit rire moqueur. «C'est insensé.»- Ce n'en est pas moins la proposition que nous faisons. Souhaitez-vous que je vous réexpédie la petite boîte? Norma se cabra. «Jamais de la vie ! »Elle raccrocha d'un geste rageur.
Le paquet était là, posé près du seuil. Norma le vit en sortant de l'ascenseur. Quel toupet ! Songea-t-elle. Elle lorgna le cartonnage sans aménité et ouvrit la porte. Non, se dit-elle, je ne le prendrai pas.Elle entra et prépara le repas du soir.Plus tard, elle alla avec son verre de martini-vodka jusqu'à l'antichambre. Entrebâillant la porte, elle ramassa le paquet et revint dans la cuisine, où elle le posa sur la table.Elle s'assit dans le living, buvant son cocktail à petites gorgées, tout en regardant par la fenêtre. Au bout d'un moment, elle regagna la cuisine pour s'occuper des côtelettes. Elle cacha le paquet au fond d'un des placards. Elle se promit de s'en débarrasser dès le lendemain matin- C'est peut-être un millionnaire qui cherche à s'amuser aux dépens des gens, dit-elle.Arthur leva les yeux de son assiette. « Je ne te comprends vraiment pas.»- Enfin, qu'est-ce que ça peut bien signifier ?Norma mangea en silence puis, tout à coup, lâcha sa fourchette.Arthur la dévisagea d'un oeil effaré.- Oui. Si c'était une offre sérieuse ?- Admettons. Et alors ? Il ne semblait pas se résoudre à conclure- Que ferais tu ? Tu reprendrais cette boîte, tu presserais le bouton ? Tu accepterais d'assassiner quelqu'un ?Norma eut une moue méprisante. « Oh ! Assassiner... »- Et comment appellerais-tu ça, toi ?- Puisqu'on ne connaîtrait même pas la personne ? Insista Norma.Arthur montra un visage abasourdi. « Serais-tu en train d'insinuer ce que je crois deviner?- S'il s'agit d'un vieux paysan chinois à quinze mille kilomètres de nous? Ou d'un nègre famélique du Congo ?- Et pourquoi pas plutôt un bébé de Pennsylvanie ? Rétorqua Arthur. Ou une petite fille de l'immeuble voisin?- Ah ! Voilà que tu pousses les choses au noir. - Où je veux en venir, Norma, c'est que peu importe qui serait tué. Un meurtre reste un meurtre.- Et où je veux en venir, moi, c'est que s'il s'agissait d'un être que tu n'as jamais vu et que tu ne verras jamais, d'un être dont tu n'aurais même pas à savoir comment il est mort, tu refuserais malgré tout d'appuyer sur le bouton ?Arthur regarda sa femme d'un air horrifié. « Tu veux dire que tu accepterais, toi ?- Cinquante mille dollars, Arthur.- Qu'est-ce que ça vient...- Cinquante mille dollars, répéta Norma. L'occasion de faire ce voyage en Europe dont nous avons toujours parlé.- Norma !- L'occasion d'avoir notre pavillon en banlieue.- Non, Norma. Arthur pâlissait. Pour l'amour de Dieu, non!Elle haussa les épaules. « Allons, calme-toi. Pourquoi t'énerver ? Je ne faisais que supposer.» Après le dîner, Arthur gagna le living. Au moment de quitter la table, il dit : « Je préférerais ne plus en discuter, si tu n'y vois pas d'inconvénient.»Norma fit un geste insouciant. «Entièrement d'accord. »
Elle se leva plus tôt que de coutume pour faire des crêpes et les oeufs au bacon à l'intention d'Arthur.- En quel honneur ? demanda-t-il gaiement.- En l'honneur de rien. Norma semblait piquée. J'ai voulu en faire, rien de plus.- Bravo, apprécia-t-il. Je suis ravi.Elle lui remplit de nouveau sa tasse. « Je tenais à te prouver que je ne suis pas ... » Elle s'interrompit avec un geste désabusé.- Pas quoi ?- Egoïste ?- Ai-je jamais prétendu ça ?- Ma foi... hier soir...Arthur resta muet.- Toute cette discussion à propos du bouton, reprit Norma. Je crois que... bref, que tu ne m'as pas comprise....- Comment cela ? Il y avait de la méfiance dans la question d’Arthur.- Je crois que tu t'es imaginé... (Nouveau geste vague) que je ne pensais qu'à moi seule.- Oh !- Et c'est faux.- Norma, je...- C'est faux, je le répète. Quand j'ai parlé du voyage en Europe, du pavillon...- Norma ! Pourquoi attacher tant d'importance à cette histoire ?- « Je n'y attache pas d'importance »Elle s'interrompit, comme si elle avait du mal à trouver son souffle, puis : «J'essaie simplement de te faire comprendre que... »- Que quoi ?- Que si je pense à ce voyage, c'est pour nous deux. Que si je pense à un pavillon, c'est pour nous deux. Que si je pense à un appartement plus confortable, à des meubles plus beaux, à des vêtements de meilleure qualité, c'est pour nous deux. Et que si je pense à un bébé puisqu'il faut tout dire, c'est pour nous deux, toujours !- Mais tout cela, Norma, nous l'aurons- Quand ? Il la regarda avec désarroi. « Mais tu... »- Quand ?- Alors, tu ... Arthur semblait céder du terrain. Alors, tu penses vraiment...- Moi ? Je pense que si des gens proposent ça, c'est dans un simple but d'enquête ! Ils veulent établir le pourcentage de ceux qui accepteraient ! Ils prétendent que quelqu'un mourra, mais uniquement pour noter les réactions... culpabilité, inquiétude, que sais-je ! Tu ne crois tout de même pas qu'ils iraient vraiment tuer un être humain, voyons ?Quand il fut parti à son travail, Norma était toujours assise, les yeux fixés sur sa tasse vide. Je vais être en retard, songea-t-elle. Elle haussa les épaules. Quelle importance, après tout ? La place d'une femme est au foyer, et non dans un bureau.Alors qu'elle rangeait la vaisselle, elle abandonna brusquement l'évier, s'essuya les mains et sortit le paquet du placard. L'ayant défait, elle posa la petite boite sur la table. Elle resta longtemps à la regarder avant d'ouvrir l'enveloppe contenant la clé. Elle ôta le dôme de verre. Le bouton, véritablement, la fascinait. Comme on peut être bête ! Songea-t-elle. Tant d'histoires pour un truc qui ne rime à rien.Elle avança la main, posa le bout du doigt… et appuya. Pour nous deux, se répéta-t-elle rageusement.Elle ne put quand même s'empêcher de frémir. Est-ce que, malgré tout ?... Un frisson glacé la parcourut.Un moment plus tard, c'était fini. Elle eut un petit rire ironique. Comme on peut être bête! Se monter la tête pour des billevesées.Elle jeta la boîte à la poubelle et courut s'habiller pour partir à son travail.
Elle venait de mettre la viande du soir à griller et de se préparer son habituel martini-vodka quand le téléphone se mit à sonner. Elle décrocha.- Allô,- Mrs. Lewis ?- c'est elle-même.- Ici l'hôpital de Lenox Hill.Elle crut vivre un cauchemar à mesure que la voix l'informait de l'accident survenu dans le métro : la cohue sur le quai, son mari bousculé, déséquilibré, précipité sur la voie à l'instant même où une rame arrivait. Elle avait conscience de hocher la tête, mécaniquement, sans pouvoir s'arrêter.Elle raccrocha. Alors seulement elle se rappela l'assurance-vie, une prime de 25000 dollars, une clause de double indemnité en cas de...Alors elle fracassa la boite contre le bord de l'évier. Elle frappa à coups redoublés, de plus en plus fort, jusqu'à ce que le bois eût éclaté. Elle arracha les débris, insensible aux coupures qu'elle se faisait. La caissette ne contenait rien. Pas le moindre fil. Elle était vide.
Quand le téléphone sonna, Norma suffoqua, comme une personne qui se noie. Elle vacilla jusqu'au living-room, saisit le récepteur.- Mrs. Lewis ? Articula doucement Mr. Steward.Etait-ce bien sa voix à elle qui hurlait ainsi ? Non, impossible !- Vous m'aviez bien dit que je ne connaîtrais pas la personne qui devait mourir ?- Mais, chère madame, objecta Mr. Steward, croyez-vous vraiment que vous connaissiez votre mari ?

jeudi 19 novembre 2009

Vous serez où en 2011?




Parce que nous projetons un voyage en Chine, tel celui de 2008....
A voir sur le blog:

http://stbernardenchine.blogspot.com


Et un petit Haïku, poème japonais pour la route:

brouillard matinal
le soleil joue à cache-cache
déguisé en lune

Olivier Walter

lundi 16 novembre 2009

offre de journal gratuit...

Supposons que vous ayez 18 ans ou moins de 24 ans...
Supposons qu'il y ait quelqu'un dans votre entourage qui soit dans ce cas...

Allez, ici:
http://www.monjournaloffert.fr/

Abonnement pendant un an, une fois par semaine....

samedi 14 novembre 2009

Culture La Fontaine

N'hésitez pas à apprendre quelques morales...

Tout prince a des ambassadeurs,
tout marquis veut avoir des pages.
La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Boeuf (I,3)

On a souvent besoin d'un plus petit que soi
Le Lion et le Rat (II,11)

Petit poisson deviendra grand
Pourvu que Dieu lui prête vie;
Mais le lâcher en attendant,
Je tiens pour moi que c'est folie.
Le petit Poisson et le Pêcheur (V,3)

Un Tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux Tu l'auras;
L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.
Le petit Poisson et le Pêcheur (V,3)

Garde-toi, tant que tu vivras,
de juger les gens sur la mine
Le Cochet, le Chat et le Souriceau (VI,5)

Aide-toi, le ciel t'aidera
Le Chartier embourbé

Selon que vous serez puissant ou misérable
Les jugements de cour vous rendrontblanc ou noir
Les animaux malades de la peste (VII,1)

La raison du plus fort est toujours la meilleure
Le Loup et l'Agneau (I,10

APOLOGUE

Je vous rappelle que l'apologue est un sujet possible, car il appartient à un objet d'étude. Il peut être décliner sous plusieurs formes: fables, contes, contes philosophiques, utopie....

Caractéristiques APOLOGUE :

- bref : la complexité de l’histoire ferait perdre de la densité à la morale. Concis. Peu de protagonistes, en gral stéréotypés ou bien caractérisés.
- Forme de divertissement : didactisme sous jacent. Plaisant. C’est au lecteur de comprendre le sérieux de l’histoire, au delà de l’aspect léger.
- Un appel à la culture, à la complicité du lecteur : morale déguisée, donc à chacun de retrouver qui / quoi se cache sous le déguisement.
- Allusion mais précise : implicite qui dénonce sans dénoncer : Petite Digression : Les attaques contre le pouvoir (le Petit Conseil = le gouvernement, le conseil des ministres, le "Petit Conseil" de Genève) sont masquées par la fiction de l’hospice des quinze-vingts.

mardi 10 novembre 2009

La Fontaine, un plagieur?



ESOPE, Le laboureur et ses enfants

Les enfants d’un laboureur vivaient en désaccord, Il avait beau les exhorter : ses paroles étaient impuissantes à les faire changer de sentiments ; aussi résolut-il de leur donner une leçon en action, Il leur dit de lui apporter un fagot de baguettes. Quand ils eurent exécuté son ordre, tout d’abord il leur donna les baguettes en faisceau et leur dit de les casser. Mais en dépit de tous leurs efforts, ils n’y réussirent [ 41 ]point. Alors il délia le faisceau et leur donna les baguettes une à une ; ils les cassèrent facilement. « Eh bien ! dit le père, vous aussi, mes enfants, si vous restez unis, vous serez invincibles à vos ennemis ; mais si vous êtes divisés, vous serez faciles à vaincre. »

Cette fable montre qu’autant la concorde est supérieure en force, autant la discorde est facile à vaincre.


LA FONTAINE
Le Laboureur et ses enfants

Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que nous ont laissé nos parents :
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût :
Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse."
Le père mort, les fils vous retournent le champ,
Deçà, delà, partout....
si bien qu'au bout de l'an
Il en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.


Moralité: il a juste "volé" le titre, non?

Tiens, un petit jeu sur les Fables...


http://www.mesexercices.com/culture_generale/les-fables-de-la-fontaine

Fable, conte, allégorie et parabole

APOLOGUE: Court récit en prose (ou en vers) dont on tire une morale.
Dans l'apologue, la morale est plus importante que l'art du récit ; c'est dans la fable seulement où le récit
prend toute son importance.
Selon La Fontaine:
* Un corps: le récit, la fable
* Une âme: la morale.


UTOPIE, CONTRE-UTOPIE ou DYSTOPIE, Watson?

L'Utopie: U-Topos: lieu qui n'existe pas. Reflète souvent un idéal. Est souvent un lieu indéfini, mais qui porte un nom (Globalia, Utopia...), dans un temps non défini afin que le lecteur se projette mieux.

Ex: Abbaye de Thélème , de Rabelais, où la devise est: Fais ce que tu voudras.

Contre-Utopie: Monde imaginaire qui joue avec les angoisses et les dérives de nos proprees sociétés. L'homme y est souvent déshumanisé.

Ex: 1984 (écrit en 1948) d'Orwell avec Big Brother qui surveille tt, / Le Meilleurs des Mondes de Huxley avec le début de l'eugénisme et les classes alpha, bêta, epsilon, /.Farenheit 451 de Bradbury où les livres sont brûlés....
La dystopie: synonyme de la contre-utopie, elle pousse cependant celle-ci à l'extrême au sens où nous sommes plongés dans l'absolutisme,

La dystopie plonge l'homme dans un cauchemard, appartient à la totale science fiction tant on ne peut la localiser ds une période historique. Elle est l'aboutissement du pire.

En bref, pour le bac, définir l'apologue comme:

Un court (apo) récit (logos) autour de personnages en petits nombre, personnages souvent simplifiés ou stéréotypés.

Visée argumentative et diadctique au travers d'une narration en vers ou en prose.

La morale est souvent implicite.

Cf:

Matin Brun de Pavloff:

Frank Pavloff, écrivain, auteur de romans policiers, parcourt le monde, s’occupe pendant une dizaine d’années, en Afrique, Asie, Amérique du Sud, de projets d’aide à l’enfance. Puis atterriet à Grenoble où il collabore avec les jeunes de la ville pour prévenir la délinquance et la toxicomanie. apologue car brève nouvelle autour de deux personnages sans contraintes matérielles (vont au café, n'ont pas de travail défini).

Morale: si l'on s'insrge tt seul sans réagir, inutile de se plaindre à la fin. Autre exemple: quand on ne va pas voter, on s'abstient ensuite de critiquer le gouvernement.



Petite digression (Voltaire):

Apologue car court récit qui s'achève sur une morale mise en valeur par la topographie. Les aveugles sont abusés par un dictateur.

Mise en garde imagée contre les dogmes que personne n'ose affronter.

"Redisons tous les jours à tous les hommes : "la morale est une, elle vient de Dieu ; les dogmes sont différents, ils viennent de nous"."
(François-Marie Arouet, dit Voltaire / 1694-1778 / Dictionnaire philosophique)

Candide, avec Maître Pangloss (roi de l'optimisme), Candide, Cacambo, Cunégonde, est aussi un conte philosphique, sous forme d'apologue, qui s'achèvesur la morale:

"Il faut cultiber notre jardin." (Chapitre 30)

Les paraboles sont aussi une forme d'apologue:

Cf http://www.vaucanson.org/lettres/bazabac/apol/saintmathieucomm.htm
Parabole du semeur de St Matthieu

La Fontaine: APologue car morale à la fin. Animaux comme stéréotype de la société du XVIème.

Rappel société XVIème: Eglise- Noblesse- Tieers Etat.

En vers, mais sous forme de narration.

Personnages: en petits nombres, souvent symboliques (hommes ou animaux, ou choses...)
Lieu: indéfini. ici ou ailleurs finalement.
Temps: intemporel. L'apologue vaut au travers les époques.

parmi les apologues, on peut trouver:
- les fables (Esope, phèdre, La Fontaine, Anouilh..)
- les paraboles (parabole du bon samaritain)
- les allégories
- les contes philosophiques (Voltaire)
...
Apologue: type de narration dont la visée est philosophique et morale.
Visée didactique: vise à enseigner quelque chose: le bien, une valeur, une leçon de vie...L'apologue s'adresse donc aussi bien au sur et à l'imagination qu'à l'esprit: il faut mesurer tous ses atouts de persuasion.