dimanche 19 juin 2011

Bon courage

Je vous souhaite à tous une bonne épreuve. Lisez bien le sujet.
Prenez votre temps pour choisir le sujet d'écriture.
Vérifiez ce soir vos crayons, pièce d'identité.

Quelques rappels:
- Pas plus de deux pages pour les questions, qui ne valent que 4 points.
- Justifiez bien par le texte, entre guillemets
- écrivez lisiblement

Pour l'écriture:
- Préciser le sujet, sans le recopier.
- Vous devez fournir une densité en rapport avec les 4 heures d'épreuves.
- pas de plan apparent en français.
- toujours achever le devoir par une conclusion.
- Penser à bien développer les exemples.

Gardez la convocation propre pour l'épreuve orale ;)

Bonne nuit.

mercredi 15 juin 2011

Entrainement par internet, Culture BAUDELAIRE




Baudelaire: http://www.poetes.com/jeu/baud2.htm ( avec les réponses!)


Tiré d'ici: http://oral.mabulle.com/index.php/2007/06/02/66217-questionnaire-baudelaire

Baudelaire - Connaissance des Fleurs du Mal

1) Outre Les Fleurs du Mal et, auparavant, Les Limbes, quel autre titre Baudelaire avait-il songé donner à son recueil de poèmes ?
Réponse : Les Lesbiennes

2) Dans quel poème Baudelaire évoque-t-il tout à tour une chauve-souris et d'infâmes araignées ?
Réponse : Spleen (Quand le ciel bas et lourd...)

3) D'après Au Lecteur, quel serait le plus grand mal de tous?
Réponse : C'est en effet l'Ennui qui serait le plus grand mal de tous.


4) Quelle section des Fleurs du Mal est dominée par l'image de Satan ?
Réponse : C'est la section intitulée « Révolte » qui est dominée par l'image de Satan.

5) Baudelaire emploie souvent la forme du sonnet. Quand cette forme a-t-elle été mise à la mode en poésie française ?
Réponse : Cette forme poétique inventée en Italie a été importée en France sous la Renaissance, au XVIe siècle.

1) Quelle femme a inspiré les poèmes du cycle charnel, notamment des œuvres comme Parfum exotique, Une Charogne et Le Balcon ? Réponse: IL s'agit effectivement de Jeanne Duval.
Baudelaire et l'art

mardi 31 mai 2011

les Fleurs du Mal , Introduction à l'oeuvre

FLEURS DU MAL, Contexte

Genèse :
- chez les Romantiques, souci du tps, dc en gral date des poémes
- chez Baudelaire, pas de date, dc élaboration mystérieuse.
- A priori, Fleurs du Mal prêt à la parution en 1851, pêtre 1849.
- Parution ds revue , La revue des Deux Mondes en 1855, de 18 poèmes : pas de réaction particulière.

1857 : mise en vente le 25 Juin (100 poèmes + Avertissement au Lecteur). Article scandale ds le Figaro le 5 Juillet

PROCES :
Neuf poèmes sont jugés obscènes, atteinte à l’ordre moral.
Quatre poèmes : tendances religieuses et sociales suspectes.
Flaubert avait été acquitté pr Madame Bovary 5 mois plus tot, dc a bon espoir.
Mais n’est pas bourgeois, n’a pas de protection impériale =) 20 aout 57, condamné .
Les éditeurs st condamnés à 100 francs, Baudelaire à 300, réduit à 50 car Baudelaire se repentit. Six pièces devaient etre retirées du recueil.
MAIS coup de pub ! dc exemplaires complets se vendent, Hugo félicite Baudelaire.

Edition de 1861 : a corrigé quelques anciens poèmes, 100 poèmes moins les six condamnés + ajout de 32 nouveaux .
Edition de 1868 : 25 pièces ajoutées, mais posthume dc peu de certitude sur leur légitimité ds le recueil.

STRUCTURE
I Spleen et ideal
II Tableaux parisiens
III Le Vin
IV Fleurs du Mal
V Revolte
VI La Mort

Correction des oraux: préparation à l'entretien




1- Candide, « Boucherie héroïque » : ironie bien sur!
Oxymore + personnification

2- Histoire des voyages de Scarmentado
Sens « prévicateur » : celui qui diffuse la parole divine.
Démontrer que c’est un conte :
Réf au nègre : Cf L’esclavage des Nègres de Montesquieu
De l’esclavage des Nègres.
Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais : Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres.Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre.On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir.Il est si naturel de penser que c'est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité, que les peuples d'Asie, qui font les eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu'ils ont avec nous d'une façon plus marquée.On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d'une si grande conséquence, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui, chez les nations policées, est d'une si grande conséquence.Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.De petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pitié ?
Montesquieu, De l'Esprit des Lois, Livre XV, chapitre 5 (1748)

3- Voltaire, articles dans dictionnaire philosophique

4- Diderot, Supplément au voyage de Bougainville, (forme d’apologue)

5- Fleurs du Mal, Baudelaire, atteinte aux bonnes mœurs
Idem Flaubert, Madame Bovary.
Essayiste : essai et articles sur l’Art
Bordeline : consommateur d’opium
Absinthe, « la fée verte » : Rimbaud, Verlaine

6- L’horloge, Baudelaire : 6 quatrains, soit 24 vers comme 24 h.
Notion d’épicurisme : « carpe diem »
Alexandrin, vers noble MAIS refus de l’alexandrin chez Verlaine, qui « préfère l’impair ».

7- Hugo :
Les Contemplations : mort de Léopoldine
Les Châtiments : Napoléon, « le Petit »

8- Illusion comique :
Autres personnages de la pièce :
Personnages
• Alcandre : magicien.
• Pridamant : père de Clindor.
• Dorante : ami de Pridamant.
• Matamore : capitan gascon, amoureux d’Isabelle.
• Clindor : suivant du capitan et amant d’Isabelle.
• Adraste : gentilhomme, amoureux d’Isabelle.
• Géronte : père d’Isabelle.
• Isabelle : fille de Géronte et amante de Clindor.
• Lyse : servante d’Isabelle et amoureuse de Clindor.
• Geôlier de Bordeaux.
• Page du Capitaine.
• Eraste : écuyer de Florilame.
• Troupe de domestiques d’Adraste.
• Troupe de domestiques de Florilame.
• Rosine : amante de Clindor

Explication du titre, « illusion comique » :

9- Don Juan aux Enfers
Rappel, chez les Grecs, paradis et enfers sous terre. Partie des enfers paradisiaque : les Champs Elysées.
Cf Pièce de Molière
Notion de catabase : descendre aux enfers.
Orphée : un aède.



BILAN oraux S2 :

1- l’horrible danger de la lecture , Voltaire
Affaire Calas, Voltaire
Affaire Dreyfus
Récits qui font appel à l’Orient :
Lettres persanes, Montesquieu (regard extérieur)
Obscurantisme : fait de laisser autrui dans l’ignorance car connaissance dangereuse.

2- Ionesco, La Leçon
Mouvement : L’absurde
Autres auteurs de l’absurde : Beckett, genet, Adamov
Autres œuvres de Ionesco :
- Rhinoceros : Daisy, Beranger, Dudard et une métamorphose en rhinocéros, sauf pour Beranger, qui résiste.
- La cantatrice chauve : M. Et Mme Smith, le pompier.


3- Matin brun , excipit
Fonctions de l’excipit :
• répond aux attentes de l’incipit
• fonction délibérative (dilemme, prise de décision)
• fonction de clausure : l’histoire se termine
• fonction didactique : portée morale
A associer à Liberté de penser de Voltaire
Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protester
Martin Niemöller

4- Liberté de penser
Inquisition : tribunal religieux
L’autodafé : « barbecue avec des livres », destruction par le feu (cf Candide, 30 chapitres, « Il faut cultiver son jardin », Autodafé au chapitre 6)

5- Le monologue de Figaro, Beaumarchais
Trilogie :
Le Barbier de Séville
Le Mariage de Figaro
La Mère coupable

Dramaturges du 18ème :
Marivaux, L’ile des esclaves (personnages : Arlequin, son esclave. Euphrosine, dame athénienne. Cléanthis, son esclave et servante. Trivelin, magistrat de l'île)
Ironie : Montesquieu (escalvage des nègres), Voltaire (Candide, le nègre de Surinam), Diderot,
Lyrisme : expression des sentiments, expression, nature (Lyre, Orphée)

Fonctions d’un monologue :
1) Une délibération : face au dilemme, il faut envisager des solutions, prendre une décision. Personnage ne sait que faire
2) Une pause dans l'action : sorte de synthèse de l’action, au sein de la pièce.
3) Une introspection : le personnage réfléchit à soi. Analyse psychologique.
4) Un dialogue par défaut : si plus personne n’est là ou ne veut l’écouter, le personnage ne peut que se livrer au monologue.

6- Flaubert , Bouvard et Pecuchet
Naturalisme
Réalisme
Romantisme , Education sentimentale

7- Feydeau
(ouverture) Lien avec Molière : satire de la société , de la bourgeoisie
Dialogue sous forme de stichomythies
Définition du vaudeville : comédie légère, plaisante avec des rebondissements, très populaire
Théâtre de boulevard : Labiche. Essor au XVIIIème

8- Fleurs du Mal : antithèse/ oxymore
Fleurs : beauté du Mal : pr Baudelaire la beauté se trouve partout
Les Paradis artificiels 1860
Spleen de Paris

9- Morales des textes :
• Ionesco : les personnalités s’expriment et ne correspondent pas tjs aux apparences. Les rôles dominant-dominé peuvent s’inverser.
• Feydeau : l’orgueil, le sentiment du supériorité cache souvent des faiblesses. Le rang social n’est pas un gage de culture.
• Salomé : le véritable rapport enseignant – enseigné repose sur la confiance et l’autonomie. C’est un rapport d’équilibre.

10- Baudelaire, L’horloge
Topos : thème récurrent
Cf Apollinaire, Le Pont Mirabeau
Lamartine, Le Lac
(1790-1869)
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

samedi 7 mai 2011

Texte Intégral Bouvard et Pecuchet



Contexte:

Dernière décennie de la vie de Flaubert: triste car deuils, déceptions, problèmes financiers, problèmes de santé (pbme dermato et cephalées).


Perd ses amis dont Jules de Goncourt (mort le 20 juin 1870).
La vie du pays est tt aussi morose: pays en guerre. Forme de misanthropie de Flaubert« Je suis écoeuré, navré par la bêtise de mes compatriotes. L'irrémédiable barbarie de l'humanité m'emplit d'une tristesse noire ": Bouvard et Pecuchet comme reflet de cette perception. (Publié 1881)



Est roman satirique qui reflète pensée amère de Flaubert sur les hommes.
Comme dans Madame Bovary ("Bovary, c'est moi!"), il investit ses personnages: « Bouvard et Pécuchet m’emplissent à tel point que je suis devenu eux… »

Texte Intégral, La Leçon de Ionesco


Merci qui? Merci Timoth!

mercredi 4 mai 2011

Quelques remarques en vrac sur le théâtre



LE THEATRE :
* écrit pour être joué : le personnage s'adresse aux autres personnages et aux spectateurs (double énonciation)
* le texte est du texte à dire, à lire ou à voir
* les didascalies, les mimiques et les décors sont porteurs de sens.
* trois grands genres:
- la tragédie (personnages nobles ; la fatalité leur impose un destin ; ils inspirent pitié et terreur)
- la comédie (personnages de toutes conditions ; menés par l'amour, la vanité, l'orgueil etc. ; ils sont risibles et sympathiques)
- (la tragi-comédie : personnages nobles ; menés par des sentiments humains ; ils sont émouvants)
- le drame romantique (personnages nobles et bourgeois ; menés par la fatalité ; ils sont admirables ou haïssables)
* Double énonciation ? Pièces lues, pièces vues ? Formes du comique ? Commedia dell arte ? Tragique ? Art du comédien ? Modernité ?

Le Maitre et l'Elève, Jacques Salomé

ATTENTION, LES LIGNES NE SONT PAS AJUSTEES...
http://www.j-salome.com/01-info/accueil.php : site de l'auteur

“Le conte du maître et de l'élève” par Jacques Salomé

“En Inde, dans une région proche du Tibet,
il était une fois un maître et son élève.
Quand le maître et l'élève eurent débattu
des conditions pratiques d'usage,
le maître commença son enseignement. Il dit à son élève :
-Tu dois être fort. Va chercher qui tu es.


L'élève partit chercher la force et un an plus tard
il revint voir son maître et lui dit :
-Je suis fort.
Pour montrer sa force,
il prit un roc qu'il aurait été incapable de déplacer auparavant,
le leva au-dessus de sa tête
et le fracassa en mille morceaux sur le sol.


-Très bien, dit le maître, tu es fort.
Maintenant, tu doit être intelligent, va chercher qui tu es.


L'élève partit chercher l'intelligence
et trois ans plus tard il revint voir son maître et lui dit :
-Je suis intelligent.
Le maître lui donna un texte très volumineux
-Tu viens m'en parler dans trois heures
Ce temps écoulé, le maître et l'élève parlèrent de l'ouvrage,
d'égal à égal,jusqu'au lever du jour.



Le maître à ce moment-là dit :
-Tu dois être sensible. Va chercher qui tu es…



L'élève partit et son absence dura dix ans.
A son retour il montra au maître toute sa sensibilité.
-Très bien dit le maître, tu es fort, intelligent, sensible,
tu dois aussi être rigoureux…

L'élève lui coupa la parole et poursuivit :
-Je suis qui je suis.

-Je n'ai plus rien à t'apprendre, répondit le maître.
Va, ton chemin est bien le tien

Jacques Salomé.
Inspiré d'un vieux conte hindou.


La contribution de Leo sur Bouvard et Pecuchet

Bouvard et Pécuchet, extrait 2
I Biographie de Flaubert

Flaubert est un écrivain français réaliste, né en 1821 et mort en 1880. Il a entrepris des études de droit, qu’il a abandonnées. Il a souffert de troubles nerveux et d’hallucinations visuelles. De 1851 à 1856, il a écrit Madame Bovary, qui a été publié dans La revue de Paris, qui le conduira à un procès pour atteinte aux bonnes mœurs. Il sera acquitté et obtiendra une importante notoriété. Il a également écrit Salammbô en 1862, un roman historique sur Carthage, et Bouvard et Pécuchet, qualifié d’ « encyclopédie de la bêtise humaine », où il a critiqué la société de son époque.


II Définitions

Cour de cassation : instance suprême en justice
Cour d’appel : cour de justice qui permet de juger à nouveau une affaire
Cour des comptes : comptes de l’Etat
Chantres : ceux qui chantent aux offices
Etole : comme une écharpe
Surplis : vêtement blanc sur la soutane
Chape : manteau
Barrette : bonnet rigide


II Axes

1) Un plaidoyer républicain

A Un Etat national

Ce texte se passe lors de la « proclamation de la République » (l 2), qui représente la liberté. Cet évènement est accrédité par « la Cour de cassation, la Cour d’appel, la Cour des Comptes, le Tribunal de commerce, la Chambre des notaires, l’Ordre des avocats, le Conseil d’État, l’Université, les généraux et M. de la Rochejacquelein lui-même » (l 5), gradation décroissante qui montre la plus grande importance des notables que celle des institutions du pays. Leur approbation est donnée sous la forme d’une périphrase, « donnaient leur adhésion » (l 7), légèrement ironique. Suite à cet évènement, « comme à Paris on plantait des arbres de la liberté » (l 8), on décide d’en faire autant en province : imitation de la capitale. « patriotisme » (l 10), est une litote qui montre l’approbation de Bouvard et Pécuchet : le premier avec « le triomphe du peuple » (l 10), et le second avec la confirmation de « ses prévisions » (l 11) .

B) Un Etat chrétien

On observe une association de l’Etat et de la religion : l’importante présence du champ lexical de la religion, pour qui ce semble être en un moment important, avec « le tambour » (l 15), « une croix d’argent » ( l 15), « des chantres, et M. le curé » ( 15), « l’étole, le surplis, la chape et la barrette » (l 16), « Quatre enfants de chœur l’escortaient » ( l 16), « le sacristain » (l 16), précède la gradation décroissante des personnes composant l’Etat, avec « le maire et ses deux adjoints Beljambe et Marescot » (l 19), et « les notables … le juge de paix … le nouvel instituteur … Les pompiers … quelques vieux shakos … Des paysans et leurs femmes, des ouvriers, … des gamins, … le garde champêtre » (l 20). Tous montrent leur approbation à la république : la religion, avec notamment « deux flambeaux » (l 15), qui représentent la liberté, ou les pompiers, qui « formaient un seul rang » (l 22), comme une haie d’honneur.
On note par ailleurs que le curé « glorifia la République » (l 28), « après avoir tonné contre les Rois » (l 28) : il tient des propos « politiques ». Il unit également l’Etat et la religion, avec « Jésus-Christ formula notre sublime devise ; l’arbre du peuple c’était l’arbre de la Croix » ( l 30), argument d’autorité.


2) Le réalisme du roman

A) Le réalisme historique

Cette scène se passe pendant la révolution ayant eu lieu du 22 au 25 février 1848, qui est la concrétisation du Printemps des Peuples en France. La République qui a été instaurés a mis en place différentes mesures, dont la création des ateliers nationaux. Les « arbres de la liberté » (l 8) représentent son enracinement. Ils sont plantés dans toutes les communes de France. Dans ce texte, il y a aussi une portée ironique, puisqu’ils ne sont présents que pour imiter Paris : « comme à Paris on plantait des arbres de la liberté, le Conseil municipal décida qu’il en fallait à Chavignolles » (l 8). La participation de la religion est décrite avec par exemple « M. le curé avec l’étole, le surplis, la chape et la barrette » (l 16). Flaubert montre ainsi la façon dont s’est déroulé cet évènement en province.

B) La portée morale

L’extrait semble établir au premier abord un lien entre Paris et la province. Mais pour Flaubert, les provinciaux ne comprennent pas tout à fait l’ampleur de ce qui se passe, comme le montre la gradation décroissante « la Cour de cassation, la Cour d’appel, la Cour des Comptes, le Tribunal de commerce, la Chambre des notaires, l’Ordre des avocats, le Conseil d’État, l’Université, les généraux et M. de la Rochejacquelein lui-même » (l 5). La dimension épique du paragraphe VII, avec « Après avoir tonné contre les Rois, il glorifia la République. Ne dit-on pas la République des Lettres, la République chrétienne ? Quoi de plus innocent que l’une, de plus beau que l’autre ? » (l 27) notamment, donne l’illusion d’une sorte de parodie. Flaubert s’en sert pour critiquer l’opportunisme de la religion, qui ici s’est prononcé en faveur du nouveau régime.

Merci qui?

Merci Elisabeth! ...par contre, motus...

Horribles dangers de la lecture

En quoi ce pamphlet développe-t-il les idées des Lumières ?
Quels sont les procédés au service de la critique ?
Que dénonce Voltaire ?
Quelle est l'importance de l'ironie dans ce passage ?

Liberté de penser

Comment ce texte s'inscrit-il dans le genre de l'apologue ?
Dégagez la strucutre du texte et le message qu'il veut passer.

Matin Brun

Quelle est la fonction de l'incipit/excipit ?

Monologue de Figaro

Qu'est-ce qui contribue àl'efficacité de ce discours ?

Anatomie

Pourquoi peut-on dire que les personnages dans cet extrait sont des anti-héros ?
Montrez la part comique de ce passage.

Chavignolles

En quoi ce texte appartient-il au registre réaliste ?

Dictionnaire des idées reçues

Mettez en avant les procédés ironiques et en expliquez la visée.

Roman expérimental

Dans ce manifeste, comment Zola fait-il du roman naturaliste une science ?

vendredi 18 mars 2011

Pour ceux qui veulent réviser le théâtre...

Le théâtre s'organise autour des genres principaux suivants:
la tragédie, la comédie, le drame et le vaudeville

Exemple de sujets EAF sur l'objet d'étude théâtral:
- Pensez-vous que le théâtre, en Occident, soit uniquement un « théâtre de la parole », comme le déplore Antonin Artaud ? Vous répondrez en vous appuyant sur les textes qui vous sont proposés, ceux que vous avez étudiés en classe, vos lectures personnelles ou les spectacles auxquels vous avez pu assister.
- Dans quelle mesure le spectateur est-il partie prenante de la représentation théâtrale ?
Vous répondrez en faisant référence au corpus, aux œuvres étudiées en classe, et à celles que vous avez vues ou lues.
- Comment le théâtre permet-il de représenter les relations de pouvoir ?
- Au théâtre, les personnages ne disposent-ils que des mots pour exprimer leurs sentiments ?
- Le but du théâtre comique est-il uniquement de faire rire?
- Dans quelles mesures pourrait-on considérer le théâtre comme le lieu de la plus grande liberté ?
- la comédie a t-elle pour fonction de faire rire le public ? ...
- " le théâtre n'est pas le pays du réel c'est le pays du vrai" Hugo (non, pas celui ci, l'autre, qui est mort...). Discutez.
- Les aspects comiques d'une pièce de théâtre (texte et représentation) ne servent-ils qu'à faire rire?
- Le théâtre se doit de rester vraisemblable. Pensez-vous que la représentation soit un atout ou un obstacle à cela ?

[Pour ce sujet, rappelons qu'au XIIème, au-delà de la régle des 3 unites temps/action/lieu, s'ajoute la règle de la bienséance : point de crimes, d'horreurs, de sang, de violence ou par procuration, càd que quelqu'un rapporte ces propos ...et la règle de vraisemblance, autrement dit le fait que le public puisse croire que cela se serait ainsi passé dans la réalité.]
http://www.clipart-gif.com/solo.php?id=3405


Pour changer du plan dialectique "CERTES....CEPENDANT...EN SOMME"
=) Il est vrai... Pourtant....En définitive...
S'il convient de croire / de définir/ .....il n'en demeure pas moins que....en somme

Enfin, n'hésitez pas à aller visionner des adaptations de pièces en extrait sur youtube:

La Leçon, Ionesco:
http://www.youtube.com/watch?v=IaoSbASOkrs
http://www.youtube.com/watch?v=C6BhtzNg1sQ

mercredi 16 mars 2011

Biographie Ionesco



Né en Roumanie. Enfance à Paris.

Retourne ds son pays natal en 1925, devient professeur de Français (à réinvestir pour La Leçon, et La Cantatrice Chauve- méthode Assimil anglaise). Ecrit ds un contexte baigné par la montée du fascisme.


Revient en France en 1938 pour rédiger une thèse sur baudelaire.

La Cantatrice chauve est mise en scène: échec.

En fait, il dénonce la communication entre les hommes. Dislocation du langage. Le cadre est illogique mais la vie a quelque chose d'absurde aussi. Par conséquent, ses pièces ne sont pas plus insensées que le quotidien.

Auteur de 33 pièces. Si vous voulez être original, pièce moins rare: Amédée ou comment s'en débarrasser (1954).

TEXTE 2, La Leçon, "Arithmétique"

LE PROFESSEUR
Procédons autrement... Limitons-nous aux nombres de un à cinq, pour la soustraction... Attendez Mademoiselle, vous allez voir. Je vais vous faire comprendre. (le professeur se met à écrire à un tableau noir imaginaire. Il l'approche de l'Élève, qui se retourne pour regarder.) Voyez, Mademoiselle... (Il fait semblant de dessiner, au tableau noir, un baton; il fait semblant d'écrire au-dessous le chiffre 1; puis deux batons, sous lesquels il fait le chiffre 2, puis en dessous le chiffre 3, puis quatre batons au-dessous desquels il fait le chiffre 4.) Vous voyez...

L'ÉLÈVE
Oui, Monsieur.

LE PROFESSEUR
Ce sont des bâtons, Mademoiselle, des bâtons. Ici c'est un bâton; là ce sont deux bâtons; là, trois batons, puis quatre bâtons, puis cinq bâtons. Un bâton, deux bâtons, trois bâtons, quatre et cinq bâtons, ce sont des nombres. Quand on compte des bâtons, chaque bâton est une unité, Mademoiselle.. Qu'est-ce que je viens de dire?

L'ÉLÈVE
"Une unité, Mademoiselle! Qu'est-ce que je viens de dire?"

LE PROFESSEUR
Ou des chiffres! ou des nombres! Un, deux, trois quatre, cinq, ce sont des éléments de la numération Mademoiselle.

L'ÉLÈVE, hésitante.
Oui, Monsieur. Des éléments, des chiffres, qui sont des bâtons, des unités et des nombres...

LE PROFESSEUR
A la fois... C'est-à-dire, en définitive, toute l'arithmétique elle-même est là.

L'ÉLÈVE
Oui, Monsieur. Bien, Monsieur. Merci, Monsieur.

LE PROFESSEUR
Alors, comptez, si vous voulez, en vous servant de ces éléments... additionnez et soustrayez...

L'ÉLÈVE
, comme pour imprimer dans sa mémoire. Les bâtons sont bien des chiffres et les nombres, des unités?

LE PROFESSEUR
Hum... si l'on peut dire. Et alors?

L'ÉLÈVE
On peut soustraire deux unités de trois unités, mais peut-on soustraire deux deux de trois trois? et deux chiffres de quatre nombres? et trois nombres d'une unité?

LE PROFESSEUR
Non, Mademoiselle.

L'ÉLÈVE
Pourquoi, Monsieur?

LE PROFESSEUR
Parce que, Mademoiselle.

L'ÉLÈVE
Parce que quoi, Monsieur? Puisque les uns sont bien les autres?

LE PROFESSEUR
Il en est ainsi, Mademoiselle. Ça ne s'explique pas. Ça se comprend par un raisonnement mathématique intérieur. On l'a ou on ne l'a pas.

L'ÉLÈVE
Tant pis!

LE PROFESSEUR
Écoutez-moi, Mademoiselle, si vous n'arrivez pas à comprendre profondément ces principes, ces archétypes arithmétiques, vous n'arriverez jamais à faire correctement un travail de polytechnicien. Encore moins ne pourra-t-on vous charger d'un cours à l'École polytechnique... ni à la maternelle supérieure Je reconnais que ce n'est pas facile, c'est très, trèS abstrait... évidemment... mais comment pourriez vous arriver, avant d'avoir bien approfondi les éléments premiers, à calculer mentalement combien font, et ceci est la moindre des choses pour un ingénieur moyen -- combien font, par exemple, trois milliards sept cent cinquante-cinq millions neuf cent quatre-vingt-dix-huit mille deux cent cinquante et un, multiplié par cinq milliards cent soixante-deux millions trois cent trois mille cinq cent huit?

L'ÉLÈVE, très vite.
Ça fait dix-neuf quintillions trois cent quatre-vingt dix quadrillions deux trillions huit cent quarante quatre milliards deux cent dix-neuf millions cent soixante-quatre mille cinq cent huit...

LE PROFESSEUR, étonné.
Non. Je ne pense pas. Ça doit faire dix-neuf quintillions trois cent quatre-vingt-dix quadrillions deux trillions huit cent quarante-quatre milliards deux cent dix-neuf millions cent soixante-quatre mille cinq cent neuf.,.

L'ÉLÈVE
... Non... cinq cent huit...

LE PROFESSEUR, de plus en plus étonné calcule mentalement.
Oui... Vous avez raison... le produit est bien... (il bredouille inintelligiblement)....quintillions, quadrillions, trillions, milliards, millions... (distinctement.) ...cent soixante-quatre mille cinq cent huit... (stupéfait.) Mais comment le savez-vous, si vous ne connaissez pas les principes du raisonnement arithmétique?

L'ÉLÈVE
C'est simple. Ne pouvant me fier à mon raisonne ment, j'ai appris par coeur tous les résultats possibles de toutes les multiplications possibles.

Textes, La Leçon, Ionesco TEXTE 1: Scène d'exposition

LA LEÇON
Eugène Ionesco


La leçon, Ionesco, 1950
PERSONNAGES
LE PROFESSEUR, 50 à 60 ans Marcel Cuvelier.
LA JEUNE ÉLÈVE, 18 ans Rosette Zuchelli.
LA BONNE, 45 à 50 ans Claude Mansard.
La Leçon a été représentée pour la première fois au théâtre de Poche le 20 février 1951.
La mise en scène était de Marcel Cuvelier.
DÉCOR
Le cabinet de travail, servant aussi de salle à manger, du vieux professeur.
À gauche de la scène, une porte donnant dans les escaliers de l’immeuble ; au fond, à droite de la scène, une autre porte menant à un couloir de l’appartement.
Au fond, un peu sur la gauche, une fenêtre, pas très grande, avec des rideaux simples ; sur le bord extérieur de la fenêtre, des pots de fleurs banales.
On doit apercevoir, dans le lointain, des maisons basses, aux toits rouges : la petite ville. Le ciel est bleu-gris. Sur la droite, un buffet rustique. La table sert aussi de bureau : elle se trouve au milieu de la pièce. Trois chaises autour de la table, deux autres des deux côtés de la fenêtre, tapisserie claire, quelques rayons avec des livres.

Au lever du rideau, la scène est vide, elle le restera assez longtemps. Puis on entend la sonnette de la porte d’entrée. On entend la :
VOIX DE LA BONNE, en coulisse.
Oui. Tout de suite.
Précédant la bonne elle-même, qui, après avoir descendu, en courant, des marches, apparaît. Elle est forte ; elle a de 45 à 50 ans, rougeaude, coiffe paysanne.
LA BONNE
entre en coup de vent, fait claquer derrière elle la porte de droite, s’essuie les mains sur son tablier, tout en courant vers la porte de gauche, cependant qu’on entend un deuxième coup de sonnette.
Patience. J’arrive. (Elle ouvre la porte. Apparaît la jeune élève, âgée de 18 ans. Tablier gris, petit col blanc, serviette sous le bras.) Bonjour, mademoiselle.
L’ÉLÈVE
Bonjour, madame. Le Professeur est à la maison ?
LA BONNE
C’est pour la leçon ?
L’ÉLÈVE
Oui, madame.
LA BONNE
Il vous attend. Asseyez-vous un instant, je vais le prévenir.
L’ÉLÈVE
Merci, madame.
Elle s’assied près de la table, face au public ; à sa gauche, la porte d’entrée ; elle tourne le dos à l’autre porte par laquelle, toujours se dépêchant, sort la Bonne, qui appelle :
LA BONNE
Monsieur, descendez, s’il vous plaît. Votre élève est arrivée.
VOIX DU PROFESSEUR, plutôt fluette.
Merci. Je descends... dans deux minutes...
La Bonne est sortie ; l’élève, tirant sous elle ses jambes, sa serviette sur ses genoux, attend, gentiment ; un petit regard ou deux dans la pièce, sur les meubles, au plafond aussi ; puis elle tire de sa serviette un cahier, qu’elle feuillette, puis s’arrête plus longtemps sur une page, comme pour répéter la leçon, comme pour jeter un dernier coup d’oeil sur ses devoirs. Elle a l’air d’une fille polie, bien élevée, mais bien vivante, gaie, dynamique ; un sourire frais sur les lèvres ; au cours du drame qui va se jouer, elle ralentira
progressivement le rythme vif de ses mouvements, de son allure, elle devra se refouler ; de gaie et souriante, elle deviendra progressivement triste, morose ; très vivante au début, elle sera de plus en plus fatiguée, somnolente ; vers la fin du drame sa figure devra exprimer nettement une dépression nerveuse ; sa façon de parler s’en ressentira, sa langue se fera pâteuse, les mots reviendront difficilement dans sa mémoire et sortiront, tout aussi difficilement, de sa bouche ; elle aura l’air vaguement paralysée, début d’aphasie ; volontaire au début, jusqu’à en paraître agressive, elle se fera de plus en plus passive, jusqu’à ne plus être qu’un objet mou et inerte, semblant inanimée, entre les mains du Professeur ; si bien que lorsque celui-ci en sera arrivé à accomplir le geste final, l’élève ne réagira plus ; insensibilisée, elle n’aura plus de réflexes ; seuls ses yeux, dans une figure immobile, exprimeront un étonnement et une frayeur indicibles ; le passage d’un comportement à l’autre devra se faire, bien entendu, insensiblement.
Le Professeur entre. C’est un petit vieux à barbiche blanche ; il a des lorgnons, une calotte noire, il porte une longue blouse noire de maître d’école, pantalons et souliers noirs, faux col blanc, cravate noire. Excessivement poli, très timide, voix assourdie par la timidité, très correct, très professeur. Il se frotte tout le temps les mains ; de temps à autre, une lueur lubrique dans les yeux, vite réprimée.
Au cours du drame, sa timidité disparaîtra progressivement, insensiblement ; les lueurs lubriques de ses yeux finiront par devenir une flamme dévorante, ininterrompue ; d’apparence plus qu’inoffensive au début de l’action, le Professeur deviendra de plus en plus sûr de lui, nerveux, agressif ; dominateur, jusqu’à se jouer comme il lui plaira de son élève, devenue, entre ses mains, une pauvre chose. Evidemment la voix du Professeur devra elle aussi devenir, de maigre et fluette, de plus en plus forte, et, à la fin, extrêmement puissante, éclatante, clairon sonore, tandis que la voix de l’élève se fera presque inaudible, de très claire et bien timbrée qu’elle aura été au début du drame. Dans les premières scènes, le Professeur bégaiera, très légèrement, peut-être.
LE PROFESSEUR
Bonjour, mademoiselle... C’est vous, c’est bien vous, n’est-ce pas, la nouvelle élève ?

jeudi 3 février 2011

Matin Brun, Intégral, PAVLOFF

Les jambes allongées au soleil, on ne parlait pas vraiment avec Charlie, on échangeait des pensées qui nous couraient dans la tête, sans bien faire attention à ce que l’autre racontait de son coté. Des moments agréables, où on laissait filer le temps en sirotant un café. Lorsqu’il m’a dit qu’il avait dû faire piquer son chien, ça m’a surpris, mais sans plus. C’est toujours triste un clebs qui vieillit mal, mais passé quinze ans, il faut se faire à l’idée qu’un jour ou l’autre il va mourir.
— Tu comprends, je pouvais pas le faire passer pour un brun.
— Ben, un labrador, c’est pas trop sa couleur, mais il avait quoi comme maladie ?
— C’est pas la question, c’était pas un chien brun, c’est tout.
— Mince alors, comme pour les chats maintenant ?
— Oui, pareil.
Pour les chats, j’étais au courant. Le mois dernier, j’avais dû me débarrasser du mien, un de gouttière qui avait eu la mauvaise idée de naître blanc, taché de noir.
C’est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable, et que d’après ce que les scientifiques de l’Etat National disaient, il valait mieux garder les bruns. Que des bruns. Tous les tests de sélection prouvaient qu’ils s’adaptaient mieux à notre vie citadine, qu’ils avaient des portées peu nombreuses et qu’ils mangeaient beaucoup moins. Ma foi, un chat c’est un chat, et comme il fallait bien résoudre le problème d’une façon ou d’une autre, va pour le décret qui instaurait la suppression des chats qui n’étaient pas bruns.
Les milices de la ville distribuaient gratuitement des boulettes d’arsenic. Mélangées à la pâtée, elles expédiaient les matous en moins de deux.
Mon cœur s’était serré, puis on oublie vite.

Les chiens, ça m’a surpris un peu plus, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être parce que c’est plus gros, ou que c’est le compagnon de l’homme, comme on dit. En tous cas, Charlie venait d’en parler aussi naturellement que je l’avais fait pour mon chat, et il avait sans doute raison. Trop de sensiblerie ne mène pas à grand chose, et pour les chiens, c’est sans doute vrai que les bruns sont plus résistants.
On n’avait plus grand chose à se dire, on s’était quittés mais avec une drôle d’impression. Comme si on ne s’était pas tout dit. Pas trop à l’aise.

Quelques temps après, c’est moi qui avais appris à Charlie que le Quotidien de la ville ne paraîtrait plus.
Il en était resté sur le cul : le journal qu’il ouvrait tous les matins en prenant son café-crème !
— Ils ont coulé ? Des grèves, une faillite ?
— Non, non, c’est à la suite de l’affaire des chiens.
— Des bruns ?
— Oui, toujours. Pas un jour sans attaquer cette mesure nationale. Ils allaient jusqu’à remettre en cause les résultats des scientifiques. Les lecteurs ne savaient plus ce qu’il fallait penser, certains même commençaient à cacher leur clébard !
— A trop jouer avec le feu...
— Comme tu dis, le journal à fini par se faire interdire.
— Mince alors, et pour le tiercé ?
— Ben mon vieux, faudra chercher tes tuyaux dans les Nouvelles Brunes. Il n’y a plus que celui-là. Il parait que coté courses et sports, il tient la route.
Puisque les autres avaient passé les bornes, il fallait bien qu’il reste un canard dans la ville, on ne pouvait se passer d’informations tout de même.
J’avais repris ce jour-là un café avec Charlie, mais ça me tracassait de devenir un lecteur des Nouvelles Brunes. Portant, autour de moi, les clients du bistrot continuaient leur vie comme avant : j’avais sûrement tort de m’inquiéter.

Après, ça a été au tour des livres de la bibliothèque, une histoire pas claire, encore. Les maisons d’édition qui faisaient partie du même groupe financier que le Quotidien de la ville étaient poursuivis en justice et leurs livres interdits de séjour sur les rayons des bibliothèques. Il est vrai que si on lisait bien ce que ces maisons d’édition continuaient de publier, on relevait le mot chien ou chat au moins une fois par volume, et sûrement pas toujours assorti du mot brun. Elles devaient bien le savoir tout de même.
— Faut pas pousser, disait Charlie, tu comprends, la nation n’a rien à y gagner à accepter qu’on détourne la loi, et à jouer au chat et à la souris. Brune, il avait rajouté en regardant autour de lui, souris brune, au cas où on aurait surpris notre conversation.
Par mesure de précaution, on avait pris l’habitude de rajouter brun ou brune à la fin des phrases ou après les mots. Au début, demander un pastis brun, ça nous avait fait drôle, puis après tout, le langage c’est fait pour évoluer et ce n’était pas plus étrange de donner dans le brun que de rajouter putain con, à tout bout de champ, comme on le fait par chez nous. Au moins on était bien vus et on était tranquille.
On avait même fini par toucher le tiercé. Oh, pas un gros, mais tout de même notre premier tiercé brun. Ca nous avait aidés à accepter les tracas des nouvelles réglementations.

Un jour, avec Charlie, je m’en souviens bien, je lui avais dit de passer à la maison pour regarder la finale de la Coupe des coupes, on a attrapé un sacré fou rire. Voilà pas qu’il débarque avec son nouveau chien !
Magnifique, brun de la queue au museau, avec des yeux marrons.
— Tu vois, finalement, il est plus affectueux que l’autre, et il m’obéit au doigt et à l’œil. Fallait pas que j’en fasse un drame pour un labrador noir.
A peine il avait dit cette phrase que son chien s’était précipité sous le canapé en jappant comme un dingue. Et gueule que je te gueule, et que même brun, je n’obéis ni à mon maître ni à personne !
Et Charlie avait soudain compris.
— Non, toi aussi ?
— Ben oui, tu vas voir.
Et là, mon nouveau chat avait jailli comme une flèche pour grimper aux rideaux et se réfugier sur l’armoire. Un matou au regard et aux poils bruns. Qu’est-ce qu’on avait ri ! Tu parles d’une coïncidence !
— Tu comprends, je lui avais dit, j’ai toujours eu des chats, alors... Il est pas beau, celui-ci ?
— Magnifique, il m’avait répondu.

Puis on avait allumé la télé, pendant que nos animaux bruns se guettaient du coin de l’œil.
Je ne sais plus qui avait gagné, mais je sais qu’on avait passé un sacré bon moment, et qu’on se sentait en sécurité. Comme si faire tout simplement ce qui allait dans le bon sens dans la cité, nous rassurait et nous simplifiait la vie. La sécurité brune, ça pouvait avoir du bon. Bien sûr, je pensais au petit garçon que j’avais croisé sur le trottoir d’en face, et qui pleurait son caniche blanc, morts à ses pieds. Mais après tout, s’il écoutait bien ce qu’on lui disait, les chiens n’étaient pas interdits, il n’avait qu’à en chercher un brun. Même des petits, on en trouvait. Et comme nous, il se sentirait en règle et oublierait vite l’ancien.

Et puis hier, incroyable, moi qui me croyais en paix, j’ai failli me faire piéger par les miliciens de la ville, ceux habillés de brun, qui ne font pas de cadeau. Ils ne m’ont pas reconnu, parce qu’ils sont nouveaux dans le quartier et qu’ils ne connaissent pas encore tout le monde.
J’allais chez Charlie. Le dimanche, c’est chez Charlie qu’on joue à la belote. J’avais un pack de bières à la main, c’était tout. On devait taper un carton deux, trois heures, tout en grignotant. Et là, surprise totale : la porte de son appart avait volé en éclats, et deux miliciens plantés sur le palier faisaient circuler les curieux. J’ai fait semblant d’aller dans les étages du dessus et je suis redescendu par l’ascenseur. En bas, les gens parlaient à mi-voix.
— Pourtant son chien était un vrai brun, on l’a bien vu, nous !
— Ouais, mais ce qu’ils disent, c’est que, avant, il avait un noir, pas un brun. Un noir.
— Avant ?
— Oui, avant. Le délit maintenant, c’est d’en avoir eu un qui n’aurait pas été brun. Et ça, c’est pas difficile à savoir, il suffit de demander au voisin.
J’ai pressé le pas. Une coulée de sueur trempait ma chemise. Si en avoir eu un avant était un délit, j’étais bon pour la milice. Tout le monde dans mon immeuble savait qu’avant j’avais eu un chat noir et blanc. Avant ! Ça alors, je n’y aurais jamais pensé !

Ce matin, Radio Brune a confirmé la nouvelle. Charlie fait sûrement partie des cinq cents personnes qui ont été arrêtées. Ce n’est pas parce qu’il aurait acheté récemment un animal brun qu’on aurait changé de mentalité, ils ont dit. « Avoir un chien ou un chat non conforme, à quelque époque que ce soit, est un délit ». Le speaker a même ajouté « injure à l’Etat National ».
Et j’ai bien noté la suite. Même si on n’a pas eu personnellement un chien ou un chat non conforme, mais que quelqu’un de sa famille, un père, un frère, une cousine par exemple, en a possédé un, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, on risque soi-même de graves ennuis.

Je ne sais pas où ils ont amené Charlie. Là, ils exagèrent. C’est de la folie. Et moi qui me croyais tranquille pour un bout de temps avec mon chat brun.
Bien sûr, s’ils cherchent avant, ils n’ont pas fini d’en arrêter des proprios de chats et de chiens.

Je n’ai pas dormi de la nuit. J’aurais dû me méfier des Bruns dès qu’ils nous ont imposé une première loi sur les animaux. Après tout, il était à moi mon chat, comme son chien à Charlie, on aurait dû dire non. Résister davantage, mais comment ? Ca va vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être tranquilles, non ?

On frappe à la porte. Si tôt le matin, ça n’arrive jamais. J’ai peur. Le jour n’est pas levé, il fait encore brun dehors. Mais arrêtez de frapper si fort, j’arrive.

lundi 31 janvier 2011

Académie Française: Quelques liens pour le Dictionnaire des idées reçues


Site de l'Académie Française, qui publie son premier dictionnaire en 1694.
On hésita sur le nom: "”Académie des Beaux Esprits” ? ”Académie de l’Éloquence” ? ”Académie éminente” .... Académie française tout simplement!

Date d'éligibilité limite: 75 ans!
Benjamin actuel: Jean-Christophe Rufin, 59 ans
Jean Dutourd vient de mourir (janvier 2011), et va laisser sa place....
En Avril 2011, on choisira le remplaçant de Maurice DRUON. Un fauteuil est vacant pendant neuf mois.
L'épée n'est pas obligatoire mais est devenur symbolique.
Epée du commandant Cousteau, en cristal: une p'tite video: http://www.ina.fr/video/CAB89024403/epee-en-cristal-de-jacques-yves-cousteau.fr.html
L'épée qui a fait de Simone Veil une immortelle à l'Académie française portant sur sa poignée le matricule 78651, stigmate indélébile, de sa déportation à Auschwitz-Birkenau:

http://www.academie-francaise.fr/

jeudi 27 janvier 2011

Bouvard et Pécuchet, Flaubert, L'Anatomie, étude complémentaire

— Ce doit être une belle étude que l’anatomie ?
M. Vaucorbeil s’étendit sur le charme qu’il éprouvait autrefois dans les dissections Différent des autopsies; et Bouvard demanda quels sont les rapports entre l’intérieur de la femme et celui de l’homme.
Afin de le satisfaire, le médecin tira de sa bibliothèque un recueil de planches anatomiques.
Essort de la biologie au XIXème: développement de la physiologie expérimentale, naissance de l'embryologie scientifique, fondation du musée national d'histoire naturelle et de l'institut pasteur.
1872: début de la taxidermie
— Emportez-les ! Vous les regarderez chez vous plus à votre aise !

Le squelette les étonna par la proéminence de sa mâchoire, les trous de ses yeux, la longueur effrayante de ses mains. Un ouvrage explicatif leur manquait; ils retournèrent chez M. Vaucorbeil, et, grâce au manuel d’Alexandre Lauth, (Alexandre Lauth . professeur de physiologie à la Faculté de médecine de Strasbourg) ils apprirent les divisions de la charpente, en s’ébahissant de l’épine dorsale (L'épine dorsale est constituée de 33 os ou vertèbres) , seize fois plus forte, dit-on, que si le Créateur l’eût faite droite.

http://flaubert.revues.org/index392.html: dossier sur la dimension médicale dans B et P.

— Pourquoi seize fois, précisément ?

Les métacarpiens désolèrent Bouvard ; et Pécuchet, acharné sur le crâne, perdit courage devant le sphénoïde, bien qu’il ressemble à une « selle turque ou turquesque ».
La selle turcique est une partie du crâne humain, elle contient l'hypophyse, elle est le corps du sphénoïde et fait par conséquent partie de la fosse crânienne moyenne.

Quant aux articulations, trop de ligaments les cachaient, et ils attaquèrent les muscles.

Mais les insertions n’étaient pas commodes à découvrir, et, parvenus aux gouttières vertébrales, ils y renoncèrent complètement.

Pécuchet dit alors :

— Si nous reprenions la chimie, ne serait-ce que pour utiliser le laboratoire ?

Bouvard protesta, et il crut se rappeler que l’on fabriquait à l’usage des pays chauds des cadavres postiches.
Repensez au pharmacien Homais dans Madame Bovary, trop sensible pour observer une quelconque opération.
(...) Il était couleur brique, sans chevelure, sans peau, avec d’innombrables filets bleus, rouges et blancs le bariolant. Cela ne ressemblait point à un cadavre, mais à une espèce de joujou, fort vilain, très propre, et qui sentait le vernis.
Puis ils enlevèrent le thorax, et ils aperçurent les deux poumons, pareils à deux éponges ; le cœur tel qu’un gros œuf, un peu de côté par derrière, le diaphragme, les reins, tout le paquet des entrailles.
— À la besogne ! dit Pécuchet.

La journée et le soir y passèrent.
Ils avaient mis des blouses, comme font les carabins dans les amphithéâtres, et, à la lueur de trois chandelles, ils travaillaient leurs morceaux de carton, quand un coup de poing heurta la porte. « Ouvrez ! »
On appelait les medecins les carabins de la république, car ils intervenaient partout, inspecteurs ds les prisons, observateurs sociaux, prise en charge des malades mentaux...
Le XIXème est l'âge d'or de la medecine.
Début de la génétique en 1865. Flemming commence à dénombrer les chromosomes
.


C’était M. Foureau, suivi du garde champêtre.
Les maîtres de Germaine s’étaient plu à lui montrer le bonhomme. Elle avait couru de suite chez l’épicier pour conter la chose, et tout le village croyait maintenant qu’ils recelaient dans leur maison un véritable mort. Foureau, cédant à la rumeur publique, venait s’assurer du fait ; des curieux se tenaient dans la cour.
(...) Et, prenant une des pièces sur la table :

— Qu’est-ce que c’est ?
— Le buccinateur, répondit Bouvard.
Le muscle buccinateur est un muscle large et peu épais de forme quadrilatère. Il s'agit d'un muscle de la joue situé de chaque côté du visage occupant et couvrant l'espace entre les mâchoires
(...) — Eh bien, les confrères, comment va l’anatomie ?

— Parfaitement, répondaient-ils.
Alors il posait des questions pour le plaisir de les confondre. Quand ils étaient las d’un organe, ils passaient à un autre, abordant ainsi et délaissant tour à tour le cœur, l’estomac, l’oreille, les intestins, car le bonhomme en carton les assommait, malgré leurs efforts pour s’y intéresser. .

EXtrait 2, BOuvard et Pecuchet, L'Anatomie, TEXTE SEUL

Et toujours, ATtention aux lignes!

— Ce doit être une belle étude que l’anatomie ?

M. Vaucorbeil s’étendit sur le charme qu’il éprouvait autrefois dans les dissections ; et Bouvard demanda quels sont les rapports entre l’intérieur de la femme et celui de l’homme.

Afin de le satisfaire, le médecin tira de sa bibliothèque un recueil de planches anatomiques.

— Emportez-les ! Vous les regarderez chez vous plus à votre aise !

Le squelette les étonna par la proéminence de sa mâchoire, les trous de ses yeux, la longueur effrayante de ses mains. Un ouvrage explicatif leur manquait; ils retournèrent chez M. Vaucorbeil, et, grâce au manuel d’Alexandre Lauth, ils apprirent les divisions de la charpente, en s’ébahissant de l’épine dorsale, seize fois plus forte, dit-on, que si le Créateur l’eût faite droite.

— Pourquoi seize fois, précisément ?

Les métacarpiens désolèrent Bouvard ; et Pécuchet, acharné sur le crâne, perdit courage devant le sphénoïde, bien qu’il ressemble à une « selle turque ou turquesque ».

Quant aux articulations, trop de ligaments les cachaient, et ils attaquèrent les muscles.

Mais les insertions n’étaient pas commodes à découvrir, et, parvenus aux gouttières vertébrales, ils y renoncèrent complètement.

Pécuchet dit alors :

— Si nous reprenions la chimie, ne serait-ce que pour utiliser le laboratoire ?

Bouvard protesta, et il crut se rappeler que l’on fabriquait à l’usage des pays chauds des cadavres postiches.

Barberou, auquel il écrivit, lui donna là-dessus des renseignements. Pour dix francs par mois, on pouvait avoir un des bonshommes de M. Auzoux, et, la semaine suivante, le messager de Falaise déposa devant leur grille une caisse oblongue.

Ils la transportèrent dans le fournil, pleins d’émotion. Quand les planches furent déclouées, la paille tomba, les papiers de soie glissèrent, le mannequin apparut.

Il était couleur brique, sans chevelure, sans peau, avec d’innombrables filets bleus, rouges et blancs le bariolant. Cela ne ressemblait point à un cadavre, mais à une espèce de joujou, fort vilain, très propre, et qui sentait le vernis.

Puis ils enlevèrent le thorax, et ils aperçurent les deux poumons, pareils à deux éponges ; le cœur tel qu’un gros œuf, un peu de côté par derrière, le diaphragme, les reins, tout le paquet des entrailles.

— À la besogne ! dit Pécuchet.

La journée et le soir y passèrent.

Ils avaient mis des blouses, comme font les carabins dans les amphithéâtres, et, à la lueur de trois chandelles, ils travaillaient leurs morceaux de carton, quand un coup de poing heurta la porte. « Ouvrez ! »

C’était M. Foureau, suivi du garde champêtre.

Les maîtres de Germaine s’étaient plu à lui montrer le bonhomme. Elle avait couru de suite chez l’épicier pour conter la chose, et tout le village croyait maintenant qu’ils recelaient dans leur maison un véritable mort. Foureau, cédant à la rumeur publique, venait s’assurer du fait ; des curieux se tenaient dans la cour.

Le mannequin, quand il entra, reposait sur le flanc, et les muscles de la face étant décrochés, l’œil faisait une saillie monstrueuse, avait quelque chose d’effrayant.

— Qui vous amène ? dit Pécuchet.

Foureau balbutia :

— Rien, rien du tout.

Et, prenant une des pièces sur la table :

— Qu’est-ce que c’est ?

— Le buccinateur, répondit Bouvard.

Foureau se tut, mais souriait d’une façon narquoise, jaloux de ce qu’ils avaient un divertissement au-dessus de sa compétence.

Les deux anatomistes feignaient de poursuivre leurs investigations. Les gens, qui s’ennuyaient sur le seuil, avaient pénétré dans le fournil, et comme on se poussait un peu, la table trembla.

— Ah ! c’est trop fort ! s’écria Pécuchet; débarrassez-nous du public !

Le garde champêtre fit partir les curieux.

— Très bien ! dit Bouvard, nous n’avons besoin de personne.

Foureau comprit l’allusion, et lui demanda s’ils avaient le droit, n’étant pas médecins, de détenir un objet pareil. Il allait, du reste, écrire au préfet.

— Quel pays ! on n’était pas plus inepte, sauvage et rétrograde. La comparaison qu’ils firent d’eux-mêmes avec les autres les consola ; ils ambitionnaient de souffrir pour la science.

Le docteur aussi vint les voir. Il dénigra le mannequin comme trop éloigné de la nature, mais profita de la circonstance pour faire une leçon.

Bouvard et Pécuchet furent charmés, et, sur leur désir, M.Vaucorbeil leur prêta plusieurs volumes de sa bibliothèque, affirmant toutefois qu’ils n’iraient pas jusqu’au bout.

Ils prirent en note, dans le Dictionnaire de sciences médicales, les exemples d’accouchement, de longévité, d’obésité et de constipation extraordinaires. Que n’avaient-ils connu le fameux Canadien de Beaumont, les polygraphes Tarare et Bijou, la femme hydropique du département de l’Eure, le Piémontais qui allait à la garde-robe tous les vingt jours, Simon de Mirepoix, mort ossifié, et cet ancien maire d’Angoulême, dont le nez pesait trois livres !

Le cerveau leur inspira des réflexions philosophiques. Ils distinguaient fort bien dans l’intérieur le septum lucidum, composé de deux lamelles, et la glande pinéale, qui ressemble à un petit pois rouge ; mais il y avait des pédoncules et des ventricules, des arcs, des piliers, des étages, des ganglions et des fibres de toutes sortes, et le foramen de Pacchioni, et le corps de Paccini, bref, un amas inextricable, de quoi user leur existence.

Quelquefois, dans un vertige, ils démontaient complètement le cadavre, puis se trouvaient embarrassés pour remettre en place les morceaux.

Cette besogne était rude, après le déjeuner surtout, et ils ne tardaient pas à s’endormir, Bouvard, le menton baissé, l’abdomen en avant, Pécuchet, la tête dans les mains, avec ses deux coudes sur la table.

Souvent, à ce moment-là, M. Vaucorbeil, qui terminait ses premières visites, entr’ouvrait la porte.

— Eh bien, les confrères, comment va l’anatomie ?

— Parfaitement, répondaient-ils.

Alors il posait des questions pour le plaisir de les confondre.

Quand ils étaient las d’un organe, ils passaient à un autre, abordant ainsi et délaissant tour à tour le cœur, l’estomac, l’oreille, les intestins, car le bonhomme en carton les assommait, malgré leurs efforts pour s’y intéresser. Enfin le docteur les surprit comme ils le reclouaient dans sa boîte.

— Bravo ! je m’y attendais.

On ne pouvait à leur âge entreprendre ces études ; et le sourire accompagnant ces paroles les blessa profondément.

EXtrait 1, ZOla, le Roman expérimental

Attention à remettre en Word avec les bonnes lignes pour les oraux blancs!

SEQUENCE : Le roman et ses personnages.
Texte 1 :

Eh bien ! en revenant au roman, nous voyons également que le romancier est fait d'un observateur et d'un expérimentateur. L'observateur chez lui donne les faits tels qu'il les a observés, pose le point de départ, établit le terrain solide sur lequel vont marcher les personnages et se développer les phénomènes. Puis, l'expérimentateur paraît et institue l'expérience, je veux dire fait mouvoir les personnages dans une histoire particulière, pour y montrer que la succession des faits y sera telle que l'exige le déterminisme des phénomènes mis à l'étude. C'est presque toujours ici une expérience "pour voir", comme l'appelle Claude Bernard. Le romancier part à la recherche d'une vérité. [...] En somme, toute l'opération consiste à prendre des faits dans la nature, puis à étudier le mécanisme des faits, en agissant sur eux par les modifications des circonstances et des milieux, sans jamais s'écarter des lois de la nature. Au bout, il y a la connaissance de l'homme, la connaissance scientifique, dans son action individuelle et sociale.
Sans doute, nous sommes loin ici des certitudes de la chimie et même de la physiologie. Nous ne connaissons point encore les réactifs qui décomposent les passions et qui permettent de les analyser. Souvent, dans cette étude, je rappellerai ainsi que le roman expérimental est plus jeune que la médecine expérimentale, laquelle pourtant est à peine née. Mais je n'entends pas constater les résultats acquis, je désire simplement exposer clairement une méthode. [...] Il est indéniable que le roman naturaliste, tel que nous le comprenons à cette heure, est une expérience véritable que le romancier fait sur l'homme, en s'aidant de l'observation.

Zola, Le Roman Expérimental, 1880

Document complémentaire , Zola,
Claude Bernard discute longuement sur l'observation et sur l'expérience. Il existe d'abord une ligne de démarcation bien nette. La voici: "On donne le nom d'observateur à celui qui applique les procédés d'investigations simples ou complexes à l'étude des phénomènes qu'il ne fait pas varier et qu'il recueille par conséquent tels que la nature les lui offre; on donne le nom d'expérimentateur à celui qui emploie les procédés d'investigations simples ou complexes pour faire varier ou modifier, dans un but quelconque, les phénomènes naturels et les faire apparaître dans des circonstances ou dans des conditions dans lesquelles la nature ne les présentait pas." Par exemple, l'astronomie est une science d'observation, parce qu'on ne conçoit pas un astronome agissant sur les astres; tandis que la chimie est une science d'expérimentation car le chimiste agit sur la nature et la modifie. Telle est, selon Claude Bernard, la seule distinction vraiment importante qui sépare l'observateur de l'expérimentateur.
Je ne puis le suivre dans sa discussion des différentes définitions données jusqu'à ce jour. Comme je l'ai dit, il finit par conclure que l'expérience n'est au fond qu'une observation provoquée. Je cite : "Dans la méthode expérimentale, la recherche des faits, c'est-à-dire l'investigation, s'accompagne toujours d'un raisonnement, de sorte que, le plus ordinairement, l'expérimentateur fait une expérience pour contrôler ou vérifier la valeur d'une idée expérimentale. Alors, on peut dire que, dans ce cas, l'expérience est une observation provoquée dans un but de contrôle." Du reste, pour arriver à déterminer ce qu'il peut y avoir d'observation et d'expérimentation dans le roman naturaliste, je n'ai besoin que des passages suivants: "L'observateur constate purement et simplement les phénomènes qu'il a sous les yeux... Il doit être le photographe des phénomènes; son observation doit représenter exactement la nature... Il écoute la nature, et il écrit sous sa dictée. Mais une fois le fait constaté et le phénomène bien observé, l'idée arrive, le raisonnement intervient, et l'expérimentateur apparaît pour interpréter le phénomène. L'expérimentateur est celui qui, en vertu d'une interprétation plus ou moins probable, mais anticipée, des phénomènes observés, institue l'expérience de manière que, dans l'ordre logique des prévisions, elle fournisse un résultat qui serve de contrôle à l'hypothèse ou à l'idée préconçue... Dès le moment où le résultat de l'expérience se manifeste, l'expérimentateur se trouve en face d'une véritable observation qu'il a provoquée, et qu'il faut constater, comme toute observation, sans idée préconçue

Bouvard et Pecuchet, ensemble de trois études analytiques



Voici les trois prochains textes d’étude in Le Roman et ses personnages
• 1) Chap III, p 118, « ce doit être une belle étude que l’Anatomie….les blessa profondément » p122
• 2) Chap VI, « dans la matinée….hommage rendu à leurs principes » p228
• 3) Chap X, p 371, « Rien n’est stupide comme de faire apprendre…tels étaient leurs caractères. » p 373


Extrait 1, Bouvard et Pecuchet

I- Des pseudos savants
1) Une forme de parodie
• l'imitation déformée d'une situation ou d'une œuvre
• intention : critiquer en ce moquant
2) Des comédiens
• Dimension carnavalesque
3) Une satire de la science
• représentation critique et comique d'un défaut, d'un vice, d'un mensonge observé dans la réalité, sur le plan moral, politique ou social
• implique une distance, un détachement


II- La dimension théâtrale :
1) Le burlesque
• Critique
• Réaliste
• Et bouffonne
• De la société
• cherche à amuser le public, à déclencher le rire
2) Les costumes et le décor

III- Un semblant d’encyclopédie
1) L’encyclopédie au XVIIIème :
• Avec le Siècle des lumières, apparaîtrait un nouveau genre, le genre encyclopédique, assorti de planches et célébrant les progrès des sciences et techniques.
• la raison triomphe
• jugement critique des philosophes touche de nombreux domaines : la religion, la condition humaine, la législation, les connaissances humaines
• « C'est l'histoire de ces deux bonshommes qui copient, une espèce d'encyclopédie critique en farce. Vous devez en avoir une idée ? Pour cela, il va me falloir étudier beaucoup de choses que j'ignore : la chimie, la médecine, l'agriculture. Je suis maintenant dans la médecine. - Mais il faut être fou et triplement frénétique pour entreprendre un pareil bouquin ! » A Edma Roger des Genettes. 19 août 1872.
« Ce que c'est ? Cela est difficile à dire en peu de mots. Le sous-titre serait : Du défaut de méhode dans les sciences. Bref, j'ai la prétention de faire une revue de toutes les idées modernes »
2) Une forme d’épopée
3) La portée morale


Le livre est donc une revue de toutes les sciences, telles qu'elles apparaissent à deux esprits assez lucides, médiocres et simples. C'est en même temps un formidable amoncellement de savoir, et surtout, une prodigieuse critique de tous les systèmes scientifiques opposés les uns aux autres, se détruisant les uns les autres par les éternelles contradictions des auteurs, les contradictions des faits, les contradictions des lois reconnues, indiscutées. C'est l'histoire de la faiblesse de l'intelligence humaine, une promenade dans le labyrinthe infini de l'érudition avec un fil dans la main ; ce fil est la grande ironie d'un merveilleux penseur qui constate sans cesse, en tout, l'éternelle et universelle bêtise. Maupassant

Dictionnaire des idées reçues, extrait BAC


Rattrapée par la grippe, j'en profite pour publier ce qui attendait. Pour lundi, les explications sur chacun des termes de ce dictionnaire seront prêtes.



Flaubert, Dictionnaire des idées reçues

Absinthe : Poison extra-violent : un verre et vous êtes mort. Les journalistes en boivent pendant qu'ils écrivent leurs articles. A tué plus de soldats que les Bédouins.

Académie Française : La dénigrer, mais tâcher d'en faire partie si on peut

Antechrist : Voltaire, Renan...

Argent : Cause de tout le mal. Auri sacra fames. Le dieu du jour (ne pas confondre avec Apollon). Les ministres le nomment traitement, les notaires émoluments, les médecins honoraires, les employés appointements, les ouvriers salaires, les domestiques gages. L'argent ne fait pas le bonheur.

Célébrité : Les célébrités : s'inquiéter du moindre détail de leur vie privée, afin de pouvoir les dénigrer

Décors de théâtre : N'est pas de la peinture : il suffit de jeter en vrac sur la toile un seau de couleurs ; puis on l'étend avec un balai ; et l'éloignement avec la lumière fait l'illusion.

Docteur : Toujours précédé de bon, et, entre hommes, dans la conversation, de foutre : "Ah! foutre, docteur !" Est un aigle quand il a votre confiance, n'est plus qu'un âne dès que vous êtes brouillés. Tous matérialistes. "C'est qu'on ne trouve pas la foi au bout d'un scalpel."

Ecoles : Polytechnique, rêve de toutes les mères (vieux). Terreur du bourgeois dans les émeutes quand il apprend que l'Ecole Polytechnique sympathise avec les ouvriers (vieux). Dire simplement "l'Ecole" fait accroire qu'on y a été. A Saint-Cyr : jeunes gens nobles. A l'Ecole de Médecine : tous exaltés. A l'Ecole de Droit : jeunes gens de bonne famille.

Idéal : Tout à fait inutile.

Imagination : Toujours vive. S'en défier. Quand on n'en a pas, la dénigrer chez les autres. Pour écrire des romans, il suffit d'avoir de l'imagination.

La Fontaine : Soutenir qu'on n'a jamais lu ses contes. L'appeler le Bonhomme, l'immortel fabuliste.

Littérature : Occupation des oisifs

Nègre : Il faut parler nègre pour se faire comprendre d'un étranger, quelle que soit sa nationalité. S'emploie aussi dans le style télégraphique

Sciences : Un peu de science écarte de la religion et beaucoup y ramène


COmplément cours:
- Le DICTIONNAIRE:
En 1863 paraît le 1er fascicule du Grand Dictionnaire universel du XIXè siècle de Pierre Larousse. C'est le premier grand dictionnaire encyclopédique de vulgarisation.
=) clin d'oeil de Flaubert à l'esprit de son époque.
- quant au DICTIONNAIRE de VOLTAIRE, il est ici: http://www.voltaire-integral.com/Html/00Table/4diction.htm

- quelques infos sur l'absinthe: http://www.museeabsinthe.com/

samedi 8 janvier 2011

Le Premier, HOROVITZ

Le texte intégral de la pièce est encore onéreux, mais voici quelques autres adaptations de cette "fable". La pièce est une forme d'apologue à portée morale: à quoi cela sert-il d'être le premier s'il n'y a pas de suivant pour reconnaître notre primauté? Sommes-nous 3 eme ou dernier quand nous ne sommes que 3? N'est-on pas toujours le suivant de quelqu'un?


Bande Annonce Le Premier
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