lundi 25 janvier 2010

Article L'Est Eclair, Une Puce épargnez-la

Mise en scène par Marine Mane, la pièce de Naomi Wallace a rassemblé un large public mardi soir. En 1665, la Grande peste frappe Londres. Un couple de bourgeois, les Snelgrave, se retrouve cloîtré dans sa demeure en attendant la fin de la quarantaine. Bunce le jeune marin et Morse, domestique de 12 ans qui n'a pas sa langue dans sa poche, se sont introduits dans la maison pour y trouver refuge.La pièce commence avec Bunce qui, du haut d'une chaise, urine dans le vase des Snelgrave en offrant la vue de son postérieur aux spectateurs. Entre violence et sensualité, marivaudages et répliques acerbes, les personnages se rencontrent sans jamais s'apprivoiser, chacun tentant de veiller à sa propre survie.
Un huis clos amer
« Une puce, épargnez-la » se présente comme un huis clos dont l'espace scénique cloisonné figure l'enfermement physique des personnages. Les acteurs évoluent en effet dans un espace réduit : un plancher en bois qui signifie la richesse des Snelgrave, deux chaises et quelques fenêtres s'ouvrant sur une rue mortifère où le garde Kabe annonce les derniers décès en chantonnant.Malgré les costumes XVIIe siècle, les thèmes émergents restent intemporels : inégalité des classes, exploitation, sexualité
reniée et corps blessés. Le spectateur sera sans doute marqué par Mme Snelgrave, grande brûlée que son mari ne touche plus depuis plus d'une décennie et qui se meurt de désir pour le marin au parler argotique et aux manières rudes. L'aboutissement de ce désir sera d'ailleurs traduit par une simulation de masturbation entre les deux personnages.Morse, la « puce » en question, aurait pu contrebalancer la noirceur du tableau mais, loin d'être le personnage pur et naïf que le spectateur pouvait attendre, cette gamine se révèle la plus corrompue.Finement interprété, ce huis clos amer laisse entendre qu'à travers les époques les mêmes thèmes se revisitent tout en continuant à susciter la réflexion du spectateur.

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