mercredi 19 juin 2013

Pourquoi je suis contre... et sujet EAF 2013, série S

Voila le genre de site pré-épreuve:
http://www.annabac.com/content/les-pronostics-du-bac-en-premiere-s-%E2%80%93-francais-0

Et l'épreuve d'aujourd'hui: "le roman"...
Donc moralité: ne jamais faire de pronostics...

Sinon:

Corpus :

  • Texte A - Colette, Sido, 1930
  • Texte B - John Steinbeck, Les Raisins de la colère, 1939
  • Texte C - Jean Giono, Un Roi sans divertissement
Texte A - Colette, Sido, 1930
La narratrice, dont la famille habite en province, évoque le souvenir de sa mère, revenant de l’un de ses séjours à Paris.
Elle revenait chez nous lourde de chocolat en barre, de denrées exotiques et d’étoffes en coupons, mais surtout de programmes de spectacles et d’essence à la violette, et elle commençait de nous peindre Paris dont tous les attraits étaient à sa mesure, puisqu’elle ne dédaignait rien.
En une semaine elle avait visité la momie exhumée, le musée agrandi, le nouveau magasin, entendu le ténor et la conférence sur La Musique birmane. Elle rapportait un manteau modeste, des bas d’usage, des gants très chers. Surtout elle nous rapportait son regard gris voltigeant, son teint vermeil que la fatigue rougissait, elle revenait ailes battantes, inquiète de tout ce qui, privé d’elle, perdait la chaleur et le goût de vivre. Elle n’a jamais su qu’à chaque retour l’odeur de sa pelisse en ventre-de-gris1, pénétrée d’un parfum châtain clair, féminin, chaste, éloigné des basses séductions axillaires2, m’ôtait la parole et jusqu’à l’effusion.
D’un geste, d’un regard elle reprenait tout. Quelle promptitude de main ! Elle coupait des bolducs3 roses, déchaînait des comestibles coloniaux, repliait avec soin les papiers noirs goudronnés qui sentaient le calfatage4. Elle parlait, appelait la chatte, observait à la dérobée mon père amaigri, touchait et flairait mes longues tresses pour s’assurer que j’avais brossé mes cheveux… Une fois qu’elle dénouait un cordon d’or sifflant, elle s’aperçut qu’au géranium prisonnier contre la vitre d’une des fenêtres, sous le rideau de tulle, un rameau pendait, rompu, vivant encore. La ficelle d’or à peine déroulée s’enroula vingt fois autour du rameau rebouté5, étayé d’une petite éclisse6 de carton. Je frissonnai, et crus frémir de jalousie, alors qu’il s’agissait seulement d’une résonance poétique, éveillée par la magie du secours efficace scellé d’or…
Texte B - John Steinbeck, Les Raisins de la colère, 1939 
Tom Joad est de retour chez lui. Il retrouve sa famille, son père, le vieux Tom, ses grands-parents, ses frères et sœurs plus jeunes ainsi que sa mère, Man, décrite dans l’extrait suivant.
Elle regardait dans le soleil. Nulle mollesse dans sa figure pleine, mais de la fermeté et de la bonté. Ses yeux noisette semblaient avoir connu toutes les tragédies possibles et avoir gravi, comme autant de marches, la peine et la souffrance jusqu’aux régions élevées de la compréhension surhumaine. Elle semblait connaître, accepter, accueillir avec joie son rôle de citadelle de sa famille, de refuge inexpugnable1. Et comme le vieux Tom et les enfants ne pouvaient connaître la souffrance ou la peur que si elle-même admettait cette souffrance et cette peur, elle s’était accoutumée à refuser de les admettre. Et comme, lorsqu’il arrivait quelque chose d’heureux ils la regardaient pour voir si la joie entrait en elle, elle avait pris l’habitude de rire même sans motifs suffisants. Mais, préférable à la joie, était le calme. Le sang-froid est chose sur laquelle on peut compter. Et de sa grande et humble position dans la famille, elle avait pris de la dignité et une beauté pure et calme. Guérisseuse, ses mains avaient acquis la sûreté, la fraîcheur et la tranquillité ; arbitre, elle était devenue aussi distante, aussi infaillible qu’une déesse. Elle semblait avoir conscience que si elle vacillait, la famille entière tremblerait, et que si un jour elle défaillait ou désespérait sérieusement, toute la famille s’écroulerait, toute sa volonté de fonctionner disparaîtrait.



Texte C - Jean Giono, Un Roi sans divertissement, 1947
Mme Tim est la femme du châtelain de Saint-Baudille. Autour d’elle s’organisent des fêtes familiales dont le narrateur garde le souvenir.
[…] Mme Tim était abondamment grand-mère. Les filles occupaient aussi des situations dans les plaines, en bas autour.
À chaque instant, sur les chemins qui descendaient de Saint-Baudille on voyait partir le messager et, sur les chemins qui montaient à Saint-Baudille, on voyait monter ensuite des cargaisons de nourrices et d’enfants. L’aînée à elle seule en avait six. Le messager de Mme Tim avait toujours l’ordre de faire le tour des trois ménages et de tout ramasser.
C’étaient, alors, des fêtes à n’en plus finir : des goûters dans le labyrinthe de buis1; des promenades à dos de mulets dans le parc ; des jeux sur les terrasses et, en cas de pluie, pour calmer le fourmillement de jambes de tout ce petit monde, des sortes de bamboulas2 dans les grands combles3 du château dont les planchers grondaient alors de courses et de sauts, comme un lointain tonnerre.
Quand l’occasion s’en présentait, soit qu’on revienne de Mens (dont la route passe en bordure d’un coin de parc), soit que ce fût pendant une journée d’automne, au retour d’une petite partie de chasse au lièvre, c’est-à-dire quand on était sur les crêtes qui dominent le labyrinthe de buis et les terrasses, on ne manquait pas de regarder tous ces amusements. D’autant que Mme Tim était toujours la tambour-major4.
Elle était vêtue à l’opulente d’une robe de bure5, avec des fonds énormes qui se plissaient et se déplissaient autour d’elle à chaque pas, le long de son corps de statue. Elle avait du corsage et elle l’agrémentait de jabots de linon6. À la voir au milieu de cette cuve d’enfants dont elle tenait une grappe dans chaque main, pendant que les autres giclaient autour d’elle, on l’aurait toute voulue. Derrière elle, les nourrices portaient encore les derniers-nés dans des cocons blancs. Ou bien, en se relevant sur la pointe des pieds et en passant la tête par-dessus la haie, on la surprenait au milieu d’un en-cas champêtre, distribuant des parts de gâteaux et des verres de sirop, encadrée, à droite, d’un laquais (qui était le fils Onésiphore de Prébois) vêtu de bleu, portant le tonnelet d’orangeade et, à gauche, d’une domestique femme (qui était la petite fille de la vieille Nanette d’Avers), vêtue de zinzolins7 et de linge blanc, portant le panier à pâtisserie. C’était à voir !


I. Vous répondrez d’abord à la question suivante (4 points) :

Quelles sont les caractéristiques des figures maternelles dans les textes du corpus ?
Ce sont quasi tous des éloges de la figure maternelle. Il fallait repérer le vocabulaire mélioratif, les hyperboles, les allusions à des super héroines ou des déesses. Et en conclusion, justement, il y avait une dimension quasi épique de la figure maternelle, héroine des extraits. Ce qui démontre que l'enfant idéalise souvent la mère. 

II. Vous traiterez ensuite, au choix, l’un des sujets suivants (16 points) :

Commentaire

Vous commenterez l’extrait de Jean Giono (texte C).
Pour Giono, Mme Tim apparait comme une sorte de fée. Elle offre de l'opulence, tant physiquement que matériellement. L'hyperbole "abondamment grand-mère" démontre la dimension épique. Elle ressemble à une Mama africaine, capable de tout gérer: les enfants, la meteo, la distance, Vous pouviez axer sur la mise en scene ou le spectacle présenté (avec la phrase de fin), sur l'apparence d'un conte de fée (cela semble merveilleux comme grand -mère). 

Dissertation

Le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ?
Bien sur que non sinon il n'y aurait pas de problématique... Vous pouviez facilement réinvestir La Peste (des êtres ordinaires), Matin Brun , Zola,Desqueyroux ... bref, la plupart des textes vus démontraient la dimension "classique" des personnages afin que le lecteur accroche. La subtilité est qu'il ne doit pas "nécessairement" en faire des êtres extraordinaires, mais il est judicieux de le faire afin de se démarquer des auteurs et d'offrir du "rêve" au lecteur. 
Dans les contes de fées, tel Le Petit Poucet, l'enfant est extraordinaire...Si vous preniez Musso ou Levi par contre, c'est l'intrigue qui l'est...
Le plan dialectique fonctionnait: Certes, il est courant de prendre des etres extraordinaires.. cependant, on trouve aussi une majorité de personnages ordinaires...
En somme, ce qu'il faut c'est un élément (intrigue, lieu, personnage...) qui sorte de l'ordinaire. 
Vous répondrez à la question en vous fondant sur les textes du corpus ainsi que sur les textes et œuvres que vous avez étudiés et lus.

Écriture d’invention

Le regard que porte la narratrice du texte A sur sa mère fait de cette dernière un personnage fascinant. Comme Colette et en vous inspirant des autres textes du corpus, vous proposerez le portrait d’un être ordinaire qui, sous votre regard, prendra une dimension extraordinaire.
Comme on l'avait dit, on évitait les lieux communs: mon père ce héros, mon grand-père, ma grand mère...
ON tentait de prendre plutot une femme (un être fait penser à un homme), et si on était subtil: un être, c'est un être vivant... donc votre cheval (je pense à celles qui adooooorent les chevaux) pouvait être l'objet de l'invention. 

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