dimanche 2 mai 2010

La tragédie au XVII

En complément des extraits sur Antigone d'ANouilh par exemple.

By Saberfirst

La Tragédie classique du XVIIème siècle

Aux origines de la tragédie classique : la tragédie antique

Aux XVI-XVIIème siècle, la tragédie reste fortement marquée par l'héritage antique.
Ton empreint d'un grand lyrisme.
Présence de chœurs déplorant longuement la catastrophe ; toutefois, en général, la pièce ne comporte pas de véritable action tragique.
Représentation est axée moins sur l'action que sur l'émotion.
Personnages généralement illustres et tourmentés par de fortes passions
Composée de cinq actes (séparés par des entractes), et nombre de scènes par acte varie.
Action (l’intrigue) est issus de l’histoire ou de la légende
La tragédie classique avait ses règles, dont la fameuse règle des trois unités (unité d’action, unité de temps, unité de lieu) :

Les caractéristiques de la tragédie classique

a. Le respect des genres anciens

• L’ambition de la conformité : L’auteur classique ne cherche pas à surprendre par l’invention de genres nouveaux (comme ce sera le cas au XIXème avec le drame romantique). Il reprend dc les genres définis depuis l’Antiquité : la tragédie, la fable, la comédie. Il ne vise pas non plus à réformer les idées (à la différence des auteurs du Siècle des Lumières qui suit), ni à bousculer ou libérer les mœurs. On comprend dès lors que les dramaturges reprennent des tragédies antiques comme RACINE le fait en s’inspirant d’EURIPIDE et de SÉNÈQUE.

• Une application des théories d’ARISTOTE : La tragédie classique ne met en scène que de très hauts personnages (rois, reines...). Ceux-ci appartiennent à l’Histoire (Néron par exemple dans Britannicus) ou aux mythes de l’Antiquité comme pour Phèdre.

b. La vraisemblance

La tragédie racinienne se veut imitation de la nature dans ses aspects universels. Les faits doivent donc paraître vraisemblables aux spectateurs (il faut qu’il ait l’illusion qu’il assiste au déroulement d’une histoire réelle).

c. La règle de bienséance

Le souci de plaire est au cœur de l’esthétique classique : l’auteur se veut donc en harmonie avec la morale et les goûts de son public de manière à rencontrer son adhésion. La personne royale est, bien entendu, l’arbitre suprême du bon goût. S’instaure dès lors une règle tacite : celle des bienséances (= conduites en accord avec les usages). Il en existe de deux sortes.

La bienséance dite « interne » : elle prescrit que le comportement des personnages doit être conforme à leur âge, à leur condition sociale, aux mœurs et aux coutumes de leur pays. C’est à la fois une question de logique et de vraisemblance. C’est sans doute dans cet esprit que RACINE choisit de ne pas « salir » Phèdre en la rendant directement responsable de la calomnie d’Hippolyte : c’est Oenone qui en est coupable.

La bienséance dite « externe » : elle vise à ne pas choquer la sensibilité ni les principes moraux du spectateur. Elle interdisait donc la représentation sur scène d’actes trop violents (meurtres, suicides...) et des allusions trop marquées à la sexualité, à la nourriture, à la vie du corps en général. Ainsi, les scènes trop violentes font l’objet d’un récit : dans Phèdre, la mort d’Hippolyte sera racontée.

d. La règle des trois unités

L’unité de temps : la durée de l’histoire ne doit pas dépasser 24 heures. L’idéal est que la durée de l’histoire coïncide avec la durée du spectacle (3 heures environ) mais comme c’était rarement réalisable, on admettait qu’elle s’étende sur une journée. Au-delà, le décalage était trop grand et devenait préjudiciable à la vraisemblance.

L’unité de lieu : le lieu devait être un lieu unique durant toute la pièce (pas de changements de lieu, donc pas de changements de décors). Les auteurs tragiques situent dc leur histoire ds un lieu qui peut être traversé par n’importe qui (le Roi mais aussi les valets, les confidents...) : il s’agit souvent de manière générale, du palais ou de l’antichambre.

L’unité d’action : elle n’est pas synonyme d’action simple mais implique que ts les fils de l’intrigue soient fortement tissés et que toute action (ou parole) d’un personnage ait une conséquence sur les autres= principe de cohérence : rien n’est gratuit, rien n’est superflu.







e) Le but de la tragédie classique : la catharsis

La tragédie classique prétend remplir une fonction morale, conforme ainsi au principe d’ARISTOTE appelé la catharsis. En montrant les conséquences ultimes et catastrophiques des passions, la tragédie purge l’âme du spectateur de ces mêmes passions et l’incite à ne pas imiter les héros tragiques. Le théâtre rendrait ainsi les hommes meilleurs...

Procédé pour le reconnaitre :

•Une structure classique : l’exposition, le nœud accompagné de quiproquos, de péripéties, et le dénouement qui voit souvent la mort d’un personnage.

• Des thèmes récurrents : l’amour, la haine, la jalousie, le sens de l’honneur et la fatalité contre laquelle l’homme tragique ne peut rien.

• Le dynamisme du héros : le héros tragique est héroïque.

• Des procédés rhétoriques particuliers : l’alexandrin reste le vers tragique par excellence. On trouve de nombreux procédés d’amplification qui visent à rendre les personnages héroïques. Le monologue rend compte des conflits internes des personnages, et le récit tragique a pour fonction de faire l’éloge d’un héros ou d’une action héroïque impossible à représenter sur scène. L’hypotypose permet de faire vivre sous les yeux du spectateur une action qui
n’a pas pu se dérouler sur la scène.

Procédés stylistique utilisés :

• Le "pathétique" suscitant émotion et compassion chez le spectateur.

• L’épique intervient souvent ds le récit de la mort des héros (par exemple, le récit de la mort d’Hippolyte dans Phèdre de Racine).

• Le lyrisme : on le retrouve ds l’expression des passions des héros ("Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue", Phèdre, 1677).

• Le tragique intervient lorsque les personnages ont conscience que le destin les accable et qu’ils ne peuvent lutter.

• L’ironie tragique intervient lorsque les personnages constatent avec une certaine dérision qu’ils sont les jouets du destin.
ULYSSE. - Vous êtes jeune, Hector !... À la veille de toute guerre, il est courant que deux chefs des peuples en conflit se rencontrent seuls dans quelque innocent village. (Jean Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu, Grasset, 1985)

Quelques grandes tragédies classiques :
• Corneille (1606-1684)
o Le Cid (1636)
o Horace (1640)
o Polyeucte (1643)
• Racine (1639-1699) :
o Andromaque (1667)
o Iphigénie (1674)
o Phèdre (1677)
o Bérénice (1670)

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